Bernoulli, Johann I an an Barbaud (de Thiancourt), Henri-Alexandre (1728.02.17)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Barbaud (de Thiancourt), Henri-Alexandre, 1686-1739 |
Ort | Basel |
Datum | 1728.02.17 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 675:Bl.124-127 |
Fussnote | Am Briefkopf eigenhändig "à Mr. de Thiancourt Cap. Lieut." Das in diesem Brief enthaltene "Zitat" aus dem Brief von Gabriel Cramer an Johann I Bernoulli von 1727.12.11 ist von Johann Bernoulli durch einen eigenen polemischen Zusatz ergänzt worden, der sich in der Vorlage nicht findet. Das Zitat findet sich in dieser verfälschten Form auch in seinem (wohl nicht abgesandten) Brief an Burckhard Mencke von 1728.01.14. |
Mr.
J'ai bien reçû la lettre que Vous m'avés fait l'honneur de m'écrire du 28. Janvier:[1] Si je ne me trompe je dois en avoir reçû une autre de Vous, ou plutot ce sont mes Gens qui l'ont reçû il y a prés de 2 ans, lorsque j'etois dangereusement malade; mais laquelle, aprés que je me suis relevé de ma maladie, contre l'attente de tout le monde, ne s'est plus trouvée: Ainsi je Vous demande mille pardons de ne Vous y avoir pas repondu. Pour reparer en quelque façon cette faute, je serai d'autant plus long à Vous satisfaire sur Votre derniere lettre.
Il paroit selon ce que Vous me dites touchant mon Discours sur le mouvem.t envoyé à l'Academie des Sciences,[2] que Vous ne savés pas que ce Discours a eté imprimé à Paris sur la fin de l'année passée, aprés qu'il echoua une 2.de fois à la distribution du prix de 1726, qui fut adjugé au P. de Maziere de l'Oratoire, quoique sa piece n'ait eté guere moins miserable que celle de Mr. Mac-Laurin, qui remporta le prix de 1724.[3] Je sçai de Mr. de Mairan qu'on a envoyé à Montpelier des exemplaires de mon Discours imprimé;[4] Ainsi Vous étes à portée d'en faire venir de cette ville qui Vous est voisine,[5] jusqu'à ce que j'aye l'honneur de Vous en faire avoir par quelque bonne occasion, à moins que Vous ne revienniés bientot ici pour Vous le remettre en main propre, ce que je souhaiterois fortement; car je brule d'envie de Vous conter tout au long le sort de ma piece et les brigues qu'on a fait jouer p.r m'arracher le prix, qui m'etoit dû selon le propre aveu de Mrs. les juges; ma piece à ce qu'ils avouent eux memes, valant infinim.t plus que les deux autres qui ont eté victorieuses. Je voudrois aussi Vous communiquer les desseins que j'ai formés d'exposer au Public la lacheté de mes envieux, c'est en quoi j'aurois besoin de votre aide, car il faut que tout cela se fasse en françois. Il n'y avoit comme Vous le savés Monsr., que cinq Commissaires qui examinoient les pieces et qui donnoient les prix à qui ils vouloient: c'etoient Mrs. Saurin, de Mairan, de Lagni, Nicole et Cassini. Pour Mr. de Mairan, qui est mon Ami, il a dit nettement que la difference entre ma piece et celle de Mac-Laurin n'etoit pas moins grande que la difference entre le bon vin et l'eau; quant à Mr. Saurin, je l'ai toujours regardé comme contraire à mes interests à cause d'une querelle qu'il eut autrefois avec moi, aussi Mr. de Mairan à qui j'avois dit que Mr. Saurin me paroissoit suspect à cause de cela, m'at-il repondu qu'il étoit bien aise de savoir cette particularité, ce qui a augmenté mon soupçon, que peutetre Mr. Saurin, quoique persuadé de la bonté et solidité de ma piece, n'a pas laissé d'opiner contre moi. Voici cependant ce qu'un ami, homme de probité et de grand savoir, qui lui a parlé etant à Paris, m'a ecrit dernierement sur son compte:[6]"Je Vous apprendrai, dit-il, une Nouvelle qui peut étre Vous surprendra: Mr. Saurin, que Vous avés cru Vous étre opposé, est convaincu de la verité de Votre Theorie des forces vives. Il m'a parlé du jugem.t de l'Academie touchant le prix, comme d'un jugem.t bien different du sien, comme d'un jugem.t fondé sur des préjugés dont on ne vouloit pas revenir, et appuyé sur une cabale, dont le vrai motif étoit la honte de se dédire et de louer ce qu'on avoit condamné. Il ajouta qu'aprés l'impression de Votre piece, ceux meme qui y avoient eté le plus opposés ont eté confus et mortifiés de la honte que s'attiroit l'academie par la préference, qu'Elle avoit donnée à une miserable Rhabsodie d'ecolier sur une piece excellente et digne du nom de Bernoulli. Ce sont là ses termes. J'ai aussi vû le P. Castel (qui va publier ses elemens de Mathematiques à la portée de tout le monde[7]) qui donne entierement dans vos idées. J'espere qu'enfin la verité se fera sentir à tout le monde. Mais ce ne sera pas sans peine. Car à ce que j'ai compris, les Sçavans de Paris ne tachent point à le devenir par l'amour desinteressé de la verité, mais pour s'acquerir de la reputation et s'attirer par là quelque pension. Chés eux étre savant c'est un metier, et peu leur importe, que leurs sentiments soient conformes à la raison, pourvû qu'ils passent pour inventeurs, et qu'ils trouvent des Sectateurs. etc."
Cet aveu d'un des juges est trop important pour n'en pas profiter, c'est pourquoi Vous jugerés bien que je n'aurai pas manqué d'y insister dans une de mes lettres à Mr. de Mairan et de l'accompagner de mes reflexions;[8] Voici donc ces reflexions, dont j'ai gardé Copie en cas que j'en aye besoin, quand pour ma consolation la fantaisie me prendra de donner au Public l'histoire du procedé de Mrs. les 5 Commissaires "Que dites Vous", lui dis-je, "de toutes ces belles choses? ne feront elles pas grand honneur à Votre Academie, quand le Public saura, que les prix s'y donnent par brigues et Cabales? Mr. Saurin est donc convaincu de la verité de ma Theorie des forces vives, c'est de quoi je ne doute pas, car il a assés d'esprit pour appercevoir la force de mes démonstrations, mais je doute s'il a eu assés de candeur pour donner son suffrage selon sa conscience. Car je me souviens, que Vous m'avés laissé entrevoir le contraire, lorsque Vous m'ecrivites, que Vous etiés bien aise d'étre informé du démelé, qu'il y avoit autrefois entre Mr. Saurin et moi, ce qui me paroissoit marquer, que Mr. Saurin entrainé par sa passion a opiné contre moi. C'est à Vous maintenant de me tirer de cette incertitude et de me dire s'il a parlé en Hypocrite, ou en honnete homme envers cet Ami, qu'il assuroit que son jugem.t étoit bien different de celui de l'Academie. Il s'agit ici de ne point faire tort à ceux qui sont peutétre incoupables, que je pourrois soupçonner comme coupables, si Vous ne m'eclaircissés pas: Car Vous comprenés bien, que l'une ou l'autre de ces 2 choses doit étre vraye, ou que Mr. Saurin soit fourbe et Menteur, ou que vos 3 autres Collegues Assesseurs au Tribunal où le prix fut jugé (savoir Mr[s.] de Lagny, Nicole et Cassini) ayent eté les Auteurs ou les Executeurs de la Cabale dont parloit Mr. Saurin. Vous penserés peutétre, qu'il y a un troisieme cas, où mon Correspondant, qui m'a ecrit cela, peut m'avoir dit une fausseté, mais si je Vous le nommois, Vous diriés Vous meme, qu'il est trop honnete homme pour douter de sa sincerité."
Mr. de Mairan ne m'a pas encore repondu sur cet article; je verrai ce qu'il en dira: Il me dit seulem.t dans sa derniere lettre,[9] que Mr. le Chev. de Louville a lû dans l'Assemblée de l'Academie une piece pour refuter mon discours et qu'un autre Academicien nommé Mr. Bouguer (qui a remporté le prix sur la matûre des vaisseaux)[10] prepare aussi un ecrit p.r la meme fin, ajoutant qu'il m'enverra copie de ces deux pieces. Il m'est aisé de voir, que ces Messieurs-là voudroient justifier le jugem.t de l'academie ou plutot la decision temeraire de ses 5 Commissaires; ils voudroient peut etre aussi que je m'embarquasse avec eux dans une dispute qui n'auroit point de fin; car chés eux il ne s'agit plus d'eclaircir la verité, il faut combattre pour l'honneur de l'Academie, il faut sauver sa reputation, ils ont une fois pris parti contre les forces vives, surtout Mr. de Louville, qui a fait mettre dans les Memoires un ecrit contre elles peu de tems avant que d'avoir envoyé ma piece à l'Academie: Ainsi ils ne veulent pas avoir le dementi, ils ne veulent pas démordre de ce qu'ils ont soutenu une fois, quand meme la verité leur sauteroit aux yeux. Les voyant donc dans une telle situation d'opiniatreté je n'ai garde de me plonger dans une dispute où je ne gagnerois rien que la perte de mon repos au lieu du prix que je devois gagner. Il me suffira de leur proposer quelque probleme, dont la solution tirée de la theorie des forces vives poura etre verifiée par l'experience d'une maniere fort aisée, et je leur demenderai la solution tirée de leur principe; quand ils l'auront donnée et moi la mienne, je provoquerai à l'Experience, nous verrons àlors en faveur de qui elle decidera.
Comme je ne doute pas que touts ceux qui ne sont pas prevenus de préjugés ni piqués de reputation, ne goutent la force de mes arguments pour les forces vives; je ne suis pas surpris que le P. de Layemarie, dont Vous me faites la description comme d'un homme de merite et de bien, soit convaincu de la verité du systeme des forces vives. Je Vous prie Monsieur de lui faire mes complimens et de le remercier de l'opinion avantageuse qu'il a de moi. Mon discours étant public, comme je viens de le dire, il n'est plus nécessaire d'en garder le secret, ainsi Vous pourrés lui communiquer Votre manuscript, jusqu'à ce qu'il en ait un exemplaire imprimé. Il faut l'avertir que l'impression est fort vitieuse et les figures fort mal faites; il est bien vrai que j'ay envoyé à Paris un Errata, mais qu'on n'a inseré dans l'imprimé qu'aprés qu'un grand nombre d'exemplaires fut deja distribué.
Je suis aussi obligé à Mr. Rieken de l'estime dont il veut bien m'honorer, je Vous prie de Lui en marquer ma reconnoissance. Je permets tres volontiers que Vous lui communiquiés de meme qu'au P. de Layemarie mes discours: S'ils veulent les lire avec un Esprit depouillé de prejugés, je n'ai nul doute qu'ils ne deviennent Proselytes; La verité me paroissant trop clairem.t exposée pour laisser plus longtems dans l'erreur des Personnes aussi penetrantes que ces deux Messr; Et ils ont trop d'ingenuité pour ne pas reverer la verité quand ils la voyent et reconnoissent pour telle, quoiqu'elle soit partie de la plume d'un Heretique.
Voici enfin Monsr. puisque Vous le souhaités si fort, un Catalogue[11] de la pluspart de mes Ecrits que j'ai publiés parci par là. Le plus[12] grand nombre comme Vous voyés se trouve dans les Actes de Leipzic: Il faudroit donc acheter ces Actes quiconque voudroit acquerir mes Ouvrages; plusieurs autres sont des pieces detachées, que je ne sçai plus moi meme où les trouver, si ce n'est peutétre en Hollande. Mais valent elles la peine de les chercher si loin? S'il s'agissoit de faire des in Folio, il n'y auroit qu'à ramasser tout ce que j'ai donné au jour soit de bon soit de mauvais, on en feroit un volume asses gros in Folio.
Je Vous fai Monsr. les memes voeux qu'il Vous a pleu de me faire à l'occasion de la nouvelle année, qui sera vieille de plus de 2 mois quand Vous recevrés cette lettre: Quoiqu'il en soit, les bons[13] souhaits qui partent d'un coeur sincere ne viennent jamais trop tard en quelque tems qu'ils viennent: Ainsi je prie Dieu de tout mon coeur qu'il Vous conserve en bonne santé pendant un grand nombre d'années, comblé de joye, de contentem.t et de toute sorte de prosperité. C'est le souhait de celui qui se dit avec un devouem.t parfait. M.r V.eJ. Bernoulli
à Bâle ce 17. fevrier 1728.
Ma femme est fort sensible à Votre souvenir; Elle Vous fait bien des complim.ts et se recommende à la continuation de Votre Amitié.
Fussnoten
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- ↑ Aus dem Brief von Johann I Bernoulli an Thiancourt von 1729 05 29 geht hervor, dass sich Thiancourt damals in Perpignan aufhielt.
- ↑ Der folgende Text bis "vos idées" ist ein Exzerpt aus dem Brief Gabriel Cramers an Johann I Bernoulli von 1727.12.11. Die polemische Schlusspassage von "J'espere" bis "etc." findet sich allerdings nicht in der Vorlage. Johann I Bernoulli hat diese offensichtlich Gabriel Cramer unterschoben. Er hat das gleiche Zitat einschliesslich dieser Passage auch in seinen Brief an Johann Burkhard Mencke von 1728.01.14 aufgenommen, diesen Brief aber möglicherweise nicht abgesandt.
- ↑ Castel, Louis Bertrand, Mathematique universelle, abregée a l’usage et à la portée de tout le monde ... Paris, 1728
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- ↑ Im Manuskript steht "plud".
- ↑ Im Manuskript steht "bon".
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