Bernoulli, Johann I an Arnold, John (ca. 1688-17..) (1713.09.28)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Arnold, John, ca. 1688-17uu |
Ort | Basel |
Datum | 1713.09.28 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 673:Bl.3-4 |
Fussnote | Am Briefkopf die alte Nummer "2" sowie "à Mr. Arnold Anglois à Paris" und Datum eigenhändig. fo. 4v leer |
Monsieur
Vous ne sçauriez croire le plaisir que m'a fait la lettre que Vous avez pris la peine de m'ecrire;[1] le melange de Vos raisonnements avec les nouvelles tant politiques que litteraires dont elle etoit remplie faisoit une composition fort agreable: Je Vous en ay beaucoup d'obligation, particulierement de ce que Vous m'avez ecrit de nouveau touchant les affaires de Mr. Newton, parce qu'elles me regardent en quelque façon; Je m'etonne que la nouvelle Edition de ses Princ. Phil. Math. ne soient pas encore achevées d'imprimer,[2] vu que selon les avis d'Angleterre Elle devoit etre publique sur la fin de l'année passée; ce delay me fait entrer dans Votre conjecture, que peutetre Mr. Newton en a suspendu la publication jusqu'à ce qu'il aura vu mes remarques sur l'ancienne Edition;[3] cependant Vous dites qu'une Personne venant d'Angleterre Vous avoit rapporté qu'une faute, que je dois avoir remarqué dans Newton,[4] y faisoit beaucoup de bruit d'où je conclus que mes remarques etoient dans le temps là deja connues en Angleterre: J'aurois souhaité que cette personne Vous eût specifié, laquelle de mes remarques (car j'en ay fait plusieurs) il vouloit dire proprement. J'attens avec beaucoup d'impatience la nouvelle Edition de Mr. Newton, dont Vous me promettez un exemplaire, que je recevray de Vous avec tout[5] le remerciment imaginable, me reservant en outre de chercher l'occasion pour Vous en faire la revanche. De ce que j'ay vu jusqu'icy de Mr. Parent ne me fait pas concevoir trop bonne opinion de ce qu'il donnera au jour dans la suite, je suis à son egard du sentiment de Mr. Varignon, qui Vous a decrit ce Mr. Parent comme un Auteur fort confus, il devoit ajouter comme un homme plein de vanité et rempli de soy meme, croyant tout sçavoir et n'epargnant[6] à Personne, tant il est persuadé que Luy seul est un animal raisonnable, pendant que tous les autres hommes ne sont que des betes; quoyque s'il faut dire la verité, il ne soit qu'une pauvre piece ou un ours qui n'a fait que lecher les sciences par dehors.
J'ay vû le livre de Gaukes Medecin d'Emden de Medicina ad certitudinem Mathematicam redacta,[7] mais je n'y ay rien vu de Mathematique que le titre. Je seray curieux de voir ce que Mr. de Lagny ecrira sur le calcul differentiel et integral; je seray bien trompé s'il nous donne d'autres choses, que des redites sur une matiere que nous avons ce me semble assez profondement epluchée; mais selon la coutume du pays chacun aprez nous in hoc mustaceo laureolam quaerit. Si ma recommendation à Mr. Varignon Vous est si utile et si agreable comme Vous le dites, je Vous assure que j'en ay moy meme beaucoup de plaisir, vu la grande estime que je fay de Votre Personne et de Votre amitié: je sçavois fort bien que Mr. Varignon ne manqueroit pas en ma consideration de Vous temoigner toutes sortes de civilités, car je le connoissois depuis longtemps comme un fort galand homme et le meilleur de mes Amys en France; Il est je croy presentement à la campagne d'où il ne reviendra que vers la S.t Martin, auquel temps je luy ecriray. Je suis de Votre avis touchant ce que Vous me dites des anciens Mathematiciens, Philosophes, et Medecins. Ce n'est que le temps qui nous peut apprendre si l'Empereur fait bien (d'autant plus que les conjonctures en Angleterre ne sont pas trop favorables pour l'Empereur, en ce que nous apprenons que la plus grande partie du nouveau parlement est de la faction des torris) ou mal de s'opiniatrer à continuer la guerre, cependant voyla Landau pris, et les François passé le Rhin, et penetré meme jusques dans la Suabe sans aucune opposition de la part des Allemans: il est vray que le bruit court qu'on a decouvert à Vienne une conspiration contre l'Empereur qui devoit etre assassiné à la chasse un certain jour, au quel temps on auroit mis en feu la ville de Vienne, pendant qu'en meme temps on auroit excité une revolte en Baviere, et que Mr. de Villars pour la favoriser s'etoit mis en marche; mais que ce dessein etant echoué il rebrousse chemin pour investir Fribourg; nous verrons ce que tout cela veut dire: au moins je prens cela encore pour des contes jusqu'à une meilleure confirmation. On n'entend rien du Prince Eugene, il ne se remue pas; ce qui fait croire qu'il laissera prendre Fribourg aussy tranquillement qu'il a laissé prendre Landau, cependant nous sommes diablement incommodé par le Voisinage de la guerre, la famine nous desole, la peste nous menace, la mortalité du betail se fait sentir jusqu'à nos frontieres; pour mon particulier je serois trop heureux si une bonne station à Leyde ou ailleurs me venoit à etre offerte; je Vous assure que je ne la refuserois plus comme je fis plusieurs[8] fois à mon grand regret; car je prevois un grand revers qui nous arrivera, si le bon Dieu ne le detourne par un espece de miracle. Voycy une nouvelle assez singuliere pour notre Ville; c'est qu'on fit souffrir la semaine passée un horrible supplice à une femme qui etoit la propre soeur de Mr. Schaub Maitre de poste; cette Femme donc aprez avoir confessé qu'Elle avoit empoisonné en moins de deux ans trois maris qu'elle avoit epousé successivement, fut mis par sentance sur une claye, que l'on traina par la ville; sur le marché au bled, le boureau la pinça deux fois avec des tenailles ardentes; à la place des dechaussés[9] le Bourreau luy donna encore deux coups de tenailles; et puis hors la Porte des pierres[10] on Luy coupa premierement la main droite, et ensuite on la brula toute vive; elle donna bien un gros quart d'heure des signes de vie au milieu des Flammes, en sorte que cela nous donna un spectacle non moins triste que terrible: on dit qu'il etoit necessaire de donner un exemple d'un chatiment si rigoureux pour mettre en seureté les marys qui ont des mechantes femmes endiablées aux quelles il pourroit prendre l'envie d'imiter la pratique de cette malheureuse qu'on vient de bruler. Pour des nouvelles litteraires je n'ay pas grand chose à Vous mander, si non que le traité de feu mon Frere de arte conjectandi a enfin eté publié;[11] j'apprens que Mrs. Thurneysen en ont deja envoyé un bon nombre d'exemplaires en France, si bien que Vous l'aurez peutetre vû plutot que moy. J'ay fait rendre à Mr. Wetstein la lettre que Vous luy avez ecrite[12] sous mon couvert: quant au reste je Vous prie d'etre assuré que je suis du meilleur de mon coeur Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur J. Bernoulli.
Fussnoten
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