Scheuchzer, Johann Jakob an Bernoulli, Johann I (1732.01.04)
Kurzinformationen zum Brief mehr ... | |
---|---|
Autor | Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Zürich |
Datum | 1732.01.04 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 667, Nr. 155* |
Fussnote |
Je concois bien les raisons, qui disposent Monsieur votre fils à son retour, et l'autre au voyage. Ne pourroit on pas ajouter l'interet de la maison, qui regarde un mariage. Car se marier à Petersbourg seroit autant, que de dire Adieu à la Patrie pour toujours, et de se rendre esclave du Gouvernement de Russie? Cependant je m'etonne, que les vertus de M.r Bernoulli si brillantes par toute l'Europe soient si peu regardées à Basle, que vous puissiez avoir des ennemis parmi vos Collegues mesmes. J'avois les mesmes fatalités ici, quoy que mes merites soyent inferieurs de beaucoup aux votres. Mais, graces à Dieu, je suis presentement à cheval; ceux qui croioient avoir raison d'etre ou jaloux, ou ennemis, sont ou morts, ou reduits à la raison. La mort, le tems, les changements, le courage, la patience, la raison mesmes changent le Monde. Et nous nous changeons aussi.
L'homme en question, que j'ay voulu employer en Moscovie, n'est pas M.r Gessner, qui balance mesme quand il obtiendroit une vocation, laquelle il recherche pourtant; mais c'est un jeune Lochman, fils de M.r le Baillif de Sargans, homme de bonne conduite, qui a achevé, ou quasi, sous moy les etudes applicables à la Medecine, d'un genie vif et activ, mais fils unique de sa Mere, qui a essuyé depuis peu de semaines une maladie tres rude, laquelle l'a mené jusques aux frontieres de la Mort. Cette circonstance, jointe à la tendresse de Mad.e sa mere pourroit bien former un obstacle contre mes conseils donnés autrefois, et soutenus par la compagnie favorable de Mons.r votre fils. La resolution dependra de ses parents, et de cent autres conseillers, dont peut etre une bonne partie veut, que l'on doive chercher de fortune sans risquer. Nous attendons là dessus une reponse.
J'ay cependant bien des obligations à Mons.r votre fils pour les soins, qu'il offre à ce jeune homme, que je recommenderay fortement, en cas qu'il veuille se resoudre. Comme aussi pour la communication de la hauteur du Pic de Teneriffa, à laquelle pourtant je ne me fie pas encore, ne scachant pas, comment le Missionnaire (sans doute le Pere Feuillée) a pris la hauteur de cette montagne en pieds. Je ne puis pas comprendre aussi, comment une montagne puisse s'elever immediatement au dessus de la mer plus haut, que nos plus hautes Alpes de la Suisse. J'en doute d'autant plus, parce que l'Academie Royale ne m'a pas voulu communiquer cette observation sans la permission du P. Feuillée. Cependant je suis bien aise, que M.r votre fils nous veut donner une Table de graduation plus exacte, que celles que nous avions jusqu'à present. Pour contenter sa curiosité, et pour luy donner des subsides, je fais joindre à la Dissertation, que je publieray bientot, les observations de trois années consecutives, aux quelles il peut seurement se fier.
Mons.r le D.r Buxtorff a satisfait à ma curiosité. Je luy communique aussi mes observations en echange. Si les variations Barometriques sont des Indices des conseils qu'on prend pour l'Alliance avec la France, vous verrez specialement dans le Decembre, que le Canton de Basle s'approche quelquefois au notre, et qu'il s'en eloigne d'autres fois.
Je vous recommende au reste à la protection de Dieu, souhaitant de tout mon coeur, que les années qui viennent compensent abondamment aussi bien les pertes que les chagrins des passées. Dieu vous comble de toutes prosperités. Et suis avec un Zele toujours egal Monsieur votre tresh. et tres ob.t serv.tr J. J. Scheuchzer D.
Zuric ce 4. Janv. 32.
Fussnoten
Zurück zur gesamten Korrespondenz