Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1732.06.11)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733 |
Ort | Basel |
Datum | 1732.06.11 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 667, Nr. 73 |
Fussnote |
J'ai bien reçû Vos deux dernieres lettres; comme je n'avois pas grand'chose à repondre sur la penultieme et par une petite indisposition j'ai été obligé de differer un peu la reponse: Je vous remercie de toutes les particularités que Vous me communiqués si liberalement, touchant les affaires de W...n; Je vois que cet homme aussi bien que son Pere beaucoup plus enterprennant et audacieux que le fils s'embourbent de plus en plus; Je ne doute nullement de ce que Vous me dites, que le Pere se montre fier et se glorifie que le tour est à cet heure à lui et à son fils, c'est ainsi que parlent les Theologiens et les Chretiens faits à leur mode, je veux dire, à la mode de ceux qui s'appuyent sur un bras charnel. Mais ils chantent triomphe avant la victoire, et ils ne pensent pas que Dieu, qui venge sa cause tot ou tard, peut renverser leurs conseils et diriger leurs brigues et pratiques secretes à leur honte et confusion. Il est vrai que W... le Pere compte pour rien la providence, se fiant uniquement sur ses ruses et artifices, maitre consommé comme il est à les inventer, et infatigable à les mettre en execution, se moquant de la direction divine; il en donna un jour un bel echantillon, lors qu'etant il y a plusieurs années à Chintsenach il refusa de s'embarquer sur l'Are avec une compagnie qui lui avoit demandé s'il vouloit étre de la partie, donnant pour réponse une raison qui fait horreur, je ne veux pas, dit il, me mettre sur l'eau, par ce que Dieu seul est le Maitre de cet Element, mais je voyagerai par terre, où j'ai aussi à dire quelque chose, darauff ich auch was zu sagen hab, voyant ensuite que tout le monde se scandalisa de cette expression blaspheme, il voulut, mais trop tard, la radoucir par cette addition, wie ein mahl einer gesagt hatt, pour faire accroire, que c'étoit une maniere de parler empruntée de quelqu'autre, mais le mot étoit laché et personne ne s'y trouva qui ne fut indigné de cette phrase soit empruntée soit inventée, comme diabolique et injurieuse au souverain Maitre de l'Univers. Pour révenir à l'affaire présente: Vous devés étre persuadés, que les deux W...ns eleveront leurs cornes encore plus haut depuis avant hier, que l'on a dans notre grand Conseil elû pour deputés à la Diéte prochaine d'Arau Mr. le Bourguemaitre Merian Oncle du degradé W. et Mr. le Tresorier Beck son assés bon Patron, puisqu'il a aussi contribué de son mieux pour le rehabiliter. Ainsi ces deux Mrs. sauront bien calmer l'orage en cas que les Deputés des autres Cantons evangeliques voudront faire du bruit de cette rehabilitation prématurée: Encore est il incertain si le rapport, qu'on en fera dans notre grand conseil de tout ce qui a été agité à la Diete sur ce chapitre, sera sincere et fidele. Vous voyés que Mrs. les Theologiens tant les votres que les notres ont grand sujet d'étre sur leur garde et de prendre bien leur mesures, pour n'etre pas la dupe de leurs Adversaires si raffinés. Pour ce qui est de la seconde confession, soit réelle soit intruse chés Vous, quelque orthodoxe qu'elle soit, elle justifie fort peu le coupable; Car ce n'est pas par une confession (où ne parle que la bouche ou la plume) que W... peut montrer son Orthodoxie et son repentence, mais c'est par une bonne conduite et correction de sa vie, qu'il doit convaincre le monde qu'il a abdiqué ses erreurs et qu'il est reellement bon Chretien, or cela ne se peut faire que dans une longue suite d'années! D'autant plus que chaque Athée et chaque Hypocrite, sygnera tout ce qu'on voudra et soucrira à telle confession qu'on lui proposera, pourvû qu'il y trouvera son interest temporel, conformément au principe pernicieux qui W. lui meme a enseigné, savoir qu'il est bien permis de mentir en cas de besoin, et de cacher la verité au Magistrat, traitant meme de fou et d'insensé celui qui voudroit avouer son crime devant le Tribunal, s'il est en état de le cacher. Voyés donc jusqu'où on peut compter sur une simple confession orale, faite en l'air. Que votre Ministre prenne donc garde, de ne se laisser pas seduire par des pures singeries et grimaces d'un Homme qui se moque interieurement de toute religion, lorsmeme qu'il veut paroitre un Ange de lumiere et comme un Saint, latet anguis in herba. Je crois que Vous n'avés pas encore vû toutes les pieces depuis la derniere que Vous me marqués etre la lettre du vieux Pasteur à Mr. l'Antistes Burcard du 25 avril 1732. Car suivant ce que me dit Mr. l'Antistes il y a 3 jours, on avoit tout pret deux ecrits composés (ce qu'il m'a confié en secret et que je Vous confie de meme) par Mrs. les D.rs Iselin et Frey, le premier plus long et l'autre plus court, mais aussi nerveux et solide: je compte que ces 2 Ecrits sont déja parvenu à Vos Theologiens, je crois qu'on les aura adressés à Mr. Hottinguer. En Vous recommendant au reste à la garde de Dieu, j'ai l'honneur de Vous assurer que je suis de tout mon coeur, Monsieur Votre tres humbl. et tres ob. ser.r N. N.
Bale, ce 11. Juin 1732.
Voici encore la cyjointe pour Mr. Poleni; Vous aurés la bonté de la renfermer dans une de Vos lettres que Vous ecrivés peutetre pour Italie; il n'importe en quel temps que cela se fasse, car il n'y a rien qui presse, ma lettre ne contenant autre chose qu'un avis que je lui donne, touchant l'achat qu'il me prie de faire du Lexicon de Moreri que l'on imprime ici.
Fussnoten
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