Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johann Jakob (1731.05.12)

Aus Bernoulli Wiki
Version vom 15. April 2016, 12:40 Uhr von Maintenance script (Diskussion) (Importing text file)
(Unterschied) ← Nächstältere Version | Aktuelle Version (Unterschied) | Nächstjüngere Version → (Unterschied)
Zur Navigation springen Zur Suche springen


Briefseite   Briefseite  


Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Scheuchzer, Johann Jakob, 1672-1733
Ort Basel
Datum 1731.05.12
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur ZB Zürich. SIGN: Ms. H 321, pp.239-240
Fussnote



File icon.gif Monsieur et tres honoré Ami

Je n'ai pas manqué de faire tenir incontinent à leur adresses les paquets que Vous m'avés envoyés; ne doutant pas que ces Messieurs qui les ont reçûs ne Vous en ayent donné avis: J'ai aussi fait livrer à Mr. Buxtorf les Nova qui lui étoient destinés sans enveloppe; il Vous en remercie tres-humblement; Il continue assiduement les observations barometriques, dont il Vous fera communication de mois en mois ou de 2 mois en 2 mois selon que Vous le trouverés bon.

Je Vous suis bien obligé de Vos Nouvelles: L'affaire des faux-monoyeurs demeurera sans doute accrochée jusques aux Calendes grecques comme Vous dites. On poursuit je croi avec plus de chaleur la cause contre les accusés à Zug; cependant on n'entend pas encore qu'ils ayent été sentenciés.

Vous savés apparemment déja la triste nouvelle de ce qui arriva ici, je parle de la terrible banqueroute, qui eclata il y a aujourdhui huit jours; Ce sont les freres Muller associés qui sont les Auteurs de cette banqueroute qui monte à ce qu'on dit à près de 300000 florins, dont les Creanciers ne retireront pas dix pour cent; c'est la plus considerable banqueroute et en meme temps la plus fraudulente que l'on ait vû ici depuis cent ans: C'est un sensible malheur pour moi que j'y suis aussi interessé pour 3000 flor., voilà une perte la quelle jointe à celle que je souffris l'année passée et à plusieurs autres qui m'arriverent auparavant, surtout celles de Werenfels et de Heusler qui furent aussi tres considerables, me met dans un état à ne pouvoir presque plus subsister; Le reste de mes petits revenus avec mon salaire très modique n'etant plus suffisant pour la subsistance de ma famille. Les dits frippons Muller ont sçû adroitement abuser du grand credit qu'ils avoient ici et dans les pays étrangers, tout le monde se fiant à eux en consideration que l'un d'eux étoit Conseiller et Thresorier qui est la plus importante charge dans la Magistrature, il étoit File icon.gif aussi membre du Conseil des treise qui est le Conseil secret, composé ordinairement de l'elite des conseillers, il avoit encore d'autres charges considerables, et a été deux fois dans le ternaire pour étre Chef de la Ville, ensorte qu'il ne tenoit qu'au sort d'emporter la charge supreme de notre Republique. Mais avanthier on tint grand Conseil où on le déposa de toutes ses charges et dignités, comme aussi ses deux freres complices, qui étoient du grand Conseil. On dit que Mrs. Escher de chés Vous qui avoient une grande somme à pretendre ont contribué beaucoup à cette déroute, on ajoute meme que celui de ces Mrs. Escher qui m'apporta Votre lettre il y a quelques mois vint ici principalement pour solliciter leur payement, ayant obligé les Debiteurs de s'en acquiter partie en argent contant partie par hypotheques ou Cautions; Ce qui doit avoir affoibli beaucoup le credit que nos Banqueroutiers avoient chés les Etrangers, sans que nous le sçûssions. Plût à Dieu que Vous m'eussiés mandé la veritable cause de la venue de Mr. Escher, il auroit été temps de retirer mon argent et je n'aurois pas perdu un souls: mais peut étre Vous ne saviés pas le dessein de Mr. Escher, qui sans doute avoit sa raison de le cacher, car lui ayant demandé quel étoit le sujet de son voyage, il me repondit que c'étoit sa pure curiosité de voir les cabinets et les autres curiosités de notre Ville; Je le crus bonnement sans le moindre soupçon ni ombrage d'une future banqueroute, qui est arrivée maintenant au grand derangement de ma fortune: tout ce qui me reste de consolation c'est de me sousmettre à la volonté de Dieu, qui l'a donné et qui l'a repris; ainsi son Nom soit toujours loué. Adieu.

Je suis toujours très sincerement Monsieur Votre treshumble et tr. ob. ser.r J. Bernoulli

Bale ce 12. Maj 1731.


Fussnoten

Zurück zur gesamten Korrespondenz