Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1720.12.04)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1720.12.04 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 61 |
Fussnote |
Je me trouve honoré d'une de vos lettres du 30 8bre dernier,[1] à laquelle j'ai un peu differé la reponse pour laisser reposer vôtre esprit inquiet et melancholique; j'espere que le tems et l'air de la campagne où vous avez fait quelque sejour auront dissipé la plus grande partie de vôtre chagrin. Vous n'avez pas raison de succomber à la douleur causée par l'injustice qu'on vous fait; la vertu et la magnanimité surpasse tout cela; praestat pati injuriam quam facere;[2] ne vous ai-je pas dejà dit plus d'une fois, qu'on m'a traité et qu'on me traite encore avec la meme indignité en recompense des services signalés que j'ay rendu au public? Vous avez outre cela un avantage que je n'ai pas, en ce que du moins on fait quelques demarches en vôtre faveur par toutes ces deputations et par les frequentes deliberations que l'on fait pour trouver le moyen de vous porter à continuer la charge de vôtre bibliothecariat, que Vous aviez administré avec tant de dexterité et de prudence, marque evidente, que vos Seigneurs ont quelque egard pour vôtre Personne et pour vos Services, quand vous ne gagneriez que cela et l'estime de vôtre Magistrat sans esperance d'etre recompensé reellement (ce que je veux pourtant croire qu'il viendra encore) ce seroit beaucoup d'honneur et une grande consolation pour vous. Mais pour moy je suis tellement meprisé, qu'on ne se met pas seulement en peine de me remercier bien loin de me demander ce que j'ay à pretendre pour mes services. Il est vrai que lorsque je quittai le visitatorat aprez 7 ou 8 ans de services et aprez des peines extraordinaires, que je n'etois pas obligé en vertu de la charge de prendre, on m'offrit pour me regaler une somme de DIX bons Ecus en espece, mais je considerais cela comme l'effet d'un affront qu'on me vouloit faire; aussi ai-je fort bien renvoyé cette bagatelle d'argent en faisant sçavoir que par la grace de Dieu je n'aurai pas besoin d'aumone; à ce que je vois vous avez le meme dessein de rendre la petite remuneration pecuniaire, qu'on s'aviseroit peutêtre de vous offrir, c'est en quoy vous ferez genereusement, il faudroit avoir l'ame bien mercenaire pour se laisser eblouir par une poignée d'argent.
Depuis quelque tems les gazettes nous flattoient que la peste en France diminuoit considerablement de jour en jour et que continuant ainsi elle seroit bientot eteinte; Mais les nouvelles publiques recommencent à nous allarmer de nouveau en nous annonçant, que ce terrible fleau à mesure qu'il cesse à Marseille il s'etend aux environs avec d'autant plus de violence, et que la ville d'Aix surtout en est presque dejà ruinée; si cela est je m'imagine fort bien, que quand ce mal ne fait plus de ravage dans une ville, ce n'est pas parceque l'air s'y remet à la salubrité, mais parceque le ravageur contagieux ne trouve presque plus personne, sur qui il puisse deployer sa fureur. Dieu nous en veuille preserver par sa misericorde; à laquelle je vous recommende etant toujours tres-parfaitement Monsieur et tres-cher Ami Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernoulli
Bâle ce 4 10bre 1720.
P. S. Tous les miens vous font leurs complimens.
Fussnoten
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1720.10.30.
- ↑ Nach Cicero, Tusculanae disputationes, 5,19,56, wo es heisst: "Accipere quam facere praestat iniuriam", d.h. "Unrecht erleiden ist besser als Unrecht tun".
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