Bernoulli, Johann I an Scheuchzer, Johannes (1716.03.25)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Scheuchzer, Johannes, 1684-1738 |
Ort | Basel |
Datum | 1716.03.25 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | ZB Zürich. SIGN: Ms H 321a, Nr. 57 pp. 167-170 |
Fussnote |
Monsieur et tres honoré Ami
Il est vrai que ce fut avec quelque étonnement que j'appris par l'honneur de Vôtre penultieme[1] le depart inopiné de mon Fils pour Italie par une route qui le detourne si furieusement de la droiture du chemin; puisque quand il sera arrivé à Geneve, qui est plus eloigné de Vous que de nous, il sera encore plus loin de Venize, qu'il n'en étoit lorsqu'il étoit encore ici à Bâle; ensorte que s'il continuoit ainsi à faire la marche d'écrivice, il fera le tour de la terre pour arriver à Venize: il fait pis que les Mariniers qui ayant le vent contraire ils louvoyent pour tenir le vent, car il voyage aussi en zic-zac comme en louvoyant, mais il recule au lieu d'avancer: voyla mes petites remarques que j'ai faites sur cette maniere de voyager; cependant quand je pese bien les raisons que Vous allegués avoir eües pour lui conseiller de prendre la route de Geneve pour entrer de ce coté là en Italie sans étre obligé de tenir la quarantaine, je Vous avoüe que je trouve que Vous lui avez sagement conseillé; ce qui me fait beaucoup de plaisir c'est la bonne compagnie en la quelle il a le bonheur de voyager: Tout ce que je regrette c'est l'importunité et la peine que mon fils Vous aura causée, et qu'il auroit pû Vous épargner en allant d'ici à droiture à Geneve où il auroit pû joindre sa compagnie en concertant avec Vous le temps de partir d'ici pour la trouver à son arrivée à Geneve: mais comme c'est une affaire faite, il faut avoir patience, je Vous prie seulement de me pardonner si je n'ai pas prevû l'inconvenient que le voyage par les Grisons auroit, tant par rapport à la quarantaine dont on a renouvellé les ordres tres-rigoureux,[2] que par rapport à Mr. Meyer avec le quel il devoit voyager et que je croyois étre tout prét à Zuric pour partir quand mon fils y arriveroit, mais qui se trouve encore en Hollande.[3] Faites moi naitre l'occasion pour Vous marquer ma reconnoissance, je Vous assure que Vous ne me trouverez pas ingrat: Vous avez bien fait de faire credit à mon Fils de 4 à 6 Louis d'or, tout ce qu'il en recevra sur Vôtre conte, Vous sera remboursé de moi avec grand remerciment: il seroit tres-juste que je Vous payasse les pistolets que Vous avez donnés à mon fils, mais puisque Vous ne voudrez aucun argent, Vous me ferez plaisir de me marquer un autre equivalent que je pourai Vous rendre, ou si Vous aimerez mieux que je Vous renvoye les pistolets quand mon fils sera de retour chez nous.
On vient de me remettre les Ecrits (que voici) de Mr. l'Examinateur Escher et de Mr. Vôtre Frere;[4] je les avois pretés à 2 ou 3 de mes Collegues qui ont part avec moi à l'affaire de la reforme de nôtre Ecole triviale;[5] ils disent la meme chose que ce que je Leur avois dis moi meme aprez la Lecture de ces Ecrits, sçavoir que tout ce qu'il y a est tres solide et tres bien raisonné, nous admirons tous le sçavoir, l'erudition, la penetration d'esprit et sur tout la probité et le zele ardent que Mr. Escher fait paroitre, dans le pieux dessein qu'il a de reformer Vos écoles; il fera sans doute un oeuvre qui Lui attirera la benediction du Ciel et les Louanges de la Posterité, s'il vient à bout d'un si louable dessein: animez le donc à ne se point laisser rebuter par la resistance qu'il rencontrera dans ceux qui ne trouvent pas leur conte dans une telle reforme: Tu ne cede malis etc.[6] Vous avez raison de dire que nous trouverions bien des choses à reformer dans nôtre academie aussi bien que dans nôtre ecole triviale; cependant nous n'en voulons presentement qu'à celleci plût à Dieu, que nous y pûssions reussir; peutetre cela nous donneroit ensuite occasion de prendre aussi connoissance des abus qui se commettent dans l'academie; il faut marcher par degré; qui embrasse trop, laisse tout tomber: c'est peutetre ce qui allarme le plus Vos Professeurs, voyant que l'on veut commencer par eux, et Leur ôter leur Autorité ou au moins la diminuer par des Inspecteurs Politiques qui Leur mettroient le frein dans la bouche.
C'est une pauvre piece que ce Mr. Ulric nôtre Combourgeois qui a soutenu une These chez Vous dont il est Auteur de Methodo Studii Theologici:[7] que pou[r]roit-il conseiller sur l'etude de physique et de mathematique? lui qui, il y a quelques ans, à peine pût soutenir chez nous l'examen pour étre Docteur en philosophie, car peu s'en fallut qu'il ne reçût un refus, non obstant qu'on l'eut dispensé d'étre examiné dans la mathematique: Vous en jugerez donc s'il est capable de sçavoir si Heinlinus ou Newton est plus grand mathematicien, et si Messrs Suicer, Muralt et Zuinger[8] sont préferables à Mr. Newton en fait de physique: pourquoi se mele-t-il des affaires qui sont au dessus de sa portée? Ne Sutor ultra crepidam.
Ma Femme qui Vous fait ses complimens Vous reconnoit comme un Galant homme en quelque langue que Vous m'ecriviez: mais elle a été ravie de Vous avoir vû parler en Chretien intelligible pour Elle: il faut que je finisse le temps me presse. Je suis sans reserve Monsieur Votre tres h.ble et tr. obeissant servit[eur] J. Bernoulli
P. S. Vous aurez la bonté de me renvoyer le paquet que Vous avez pour mon Fils.
Fussnoten
- ↑ Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.03.18.
- ↑ Grund für die Verschärfung der Massnahmen waren die Pestvorkommnisse in Mitteleuropa seit 1709.
- ↑ Johannes Scheuchzer hatte im Brief von 1716.03.01 dem um eine sichere Reise besorgten Johann I Bernoulli empfohlen, seinen Sohn Nicolaus II Bernoulli dem Bruder seines Freundes Meyer anzuvertrauen.
- ↑ Siehe dazu und zum Folgenden die Anmerkung im Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1716.03.17.
- ↑ Gemeint sind Samuel Battier (1667-1744), Jacob Christoph Iselin (1681-1737) und Johannes III Buxtorf (1663-1732). Siehe dazu den Brief Bernoullis von 1716.02.26.
- ↑ Vergil, Aeneis, 6,95. Vollständig lautet der Vers: Tu ne cede malis, sed contra audentior ito.
- ↑ Johann Jakob Ulrich (1695-1740) studierte von 1710 bis 1714 in Basel. Am 9. März 1716 disputierte er in Zürich mit der theologischen These De methodo studiorum theologiae ad optatum finem ducente quam ... praeside dn. Ioh. Iacobo Hottingero ... ad consequendum examen pro s. ministerio ad diem 19. Martii MDCCXVI placidae theologountōn disquisitioni subiicit author Ioh. Iacobus Ulricus, ... Basiliensis, Tiguri [Zürich] (D. Gessner) 1716 und wurde daselbst Verbi Divini Minister.
- ↑ Siehe dazu die Anmerkung im Brief von Johannes Scheuchzer an Johann I Bernoulli von 1716.03.22.
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