Bernoulli, Johann I an Crousaz, Jean Pierre de (1719.07.18)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Crousaz, Jean Pierre de, 1663-1750 |
Ort | Basel |
Datum | 1719.07.18 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 656, Nr.10 |
Fussnote | Am Briefkopf eigenhändig mit Bleistift "à Mr. de Crousaz". P.S. am Briefkopf |
Monsieur
La dissertation que j'ai pris la liberté de Vous envoier[1] ne merite pas à beaucoup prés que Vous Vous excusiés de Votre pretendu retardement à m'en rendre grace: j'ai plutot sujet de Vous remercier de ce que Vous voulés prendre la patience de la lire. Je suis bien aise d'apprendre que Vos affaires sont terminées heureusement et à Votre souhait, je Vous en felicite et je prie Dieu que le repos dont Vous jouissés presentement soit durable à la honte et confusion de Vos adversaires.[2]
J'ai fouillé longtems dans mes vieux papiers pour chercher la copie de la lettre que j'ecrivis autrefois à Mr. Varignon sur les degrés des infinis, je l'ai enfin trouvé, en voici un extrait:[3] mais je Vous prie que le style sec et le mauvais tour dont je m'aperçois presentement dans cette lettre ecrite depuis plus de 20 ans ne Vous scandalise pas; tout le monde n'a pas le talent que Vous avés d'ecrire elegamment, je ne l'ai jamais eu moins encore dans Votre langue et à l'age que j'avois alors: Ainsi Vous aurés l'equité de ne faire attention qu'à la matiere meme, et aux raisons dont je me suis servi pour l'appuier.
Les nouvelles experiences que Vous faites sur les couleurs ne pourront qu'etre fort agreables au public; Vous ne ferés donc pas mal de les lui communiquer par l'impression. C'est tres bien dit que Messrs. les Anglois, si jaloux de la liberté, affectent un Torricisme en matiere de sciences, et regardent de haut en bas tous ceux pour qui les pensées de Mr. Newton ne sont pas des Oracles; J'en ai eprouvé la verité par ma propre experience, car certains Anglois idolatres de ce Philosophe m'ont furieusement injurié et maltraité pour n'avoir pas voulu preter une obeissance passive et suivre aveuglement leur parti dans la querelle qu'ils ont suscitée aux etrangers et en particulier à feu Mr. Leibnits, et plus encore pour avoir decouvert à Mr. Newton quelques erreurs considerables dans ses Principes de la philosophie Nat.[4] qu'il ne pouvoit pas nier et qu'il corrigea ensuite dans la nouvelle edition, ce qui desespera si fort ses adorateurs qu'ils ne peuvent me le pardonner; il paroit meme qu'ils m'ont juré la mort, vû les libelles qu'ils ecrivent de tems en tems contre moi remplis d'atrocités; mais je m'en moque, d'autant plus que les honnetes gens neutres et connoisseurs de cause en sont indignés et me rendent justice en toute occasion. Vous voiés Monsieur que j'ai mes persecuteurs comme Vous avés les Votres: consolons nous en, parce que la bonne cause ne manque pas de triompher tot ou tard, Vous en venés de sentir l'effet, et je le sentirai en son tems: Pour Vous justifier pleinement Vous n'auriés sû mieux faire qu'entreprendre un ouvrage serieux sur l'education, dans le quel Vous pourés montrer le ridicule de ceux qui ont pris, soit par malice soit par stupidité, au pied de la lettre Vos nouvelles maximes, je croi qu'il y a là plus de malice que de stupidité, car j'ai toujours dit à mes amis qui ont vu Votre livre et qui sont de mon sentiment là dessus, qu'il faut etre fou et fou grossier de ne s'appercevoir pas de l'ironie dans Vos maximes.
Il est vrai que les Memoires de l'academie s'impriment plus regulierement que par le passé, on en est effectivement obligé au Duc Regent qui est grand amateur des Sciences et des Arts: j'ai reçû depuis quelque tems les Memoires de 1716, et j'apprens que l'année 1717 est aussi tout à fait imprimée, mais que par certaine raison on ne la distribue pas encore, pendant qu'on a deja commencé l'impression de 1718 ainsi cela va d'un bon train. Dans les Memoires de 1716 j'ai lû l'eloge de Mr. Leibnits,[5] mais je n'y ai pas trouvé ce que Vous m'aviés dit y etre, sçavoir la distinction que Mr. de Fontenelle fait entre l'infini parfait et l'infini imparfait, je voudrois donc bien sçavoir si on Vous a communiqué une autre eloge de Mr. Leibnits faite par Mr. de Fontenelle que celle que l'on voit dans les Memoires.[6]
C'est dommage pour les Astrologues et les diseurs de bonne fortune qu'une Comete ou un autre phenomene extraordinaire n'ait pas precedé la derniere grande secheresse, car sans doute ils auroient eu belle occasion de faire valoir leurs sottes extravagances: aussi par un autre endroit le systeme nouveau des Cometes inventé par feu mon frere[7] y auroit trouvé son comte puisque selon son calcul la fameuse comete qui parût sur la fin de l'an 1680 et au commencement de 1681 devoit reparoitre le 7. Juin de cette année,[8] pour moi n'aiant jamais eté prevenû en faveur de ce systeme, parce que celui de Mr. Newton me semble plus probable, je n'ai pas eté etonné de ne voir pas l'evenement repondre à la prediction.
De peur d'abuser de Votre patience je finis en Vous assurant que je suis avec un attachement parfait Monsieur Votre tres humble etc. J. Bernoulli.
P. S. Depuis plus de 15 jours il fait ici fort chaud et ne pleut pas, ainsi qu'il est à craindre que nous n'ayons bientot une nouvelle secheresse.[9]
Fussnoten
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- ↑ Johann I Bernoulli an Pierre Varignon von 1??? ?? ??. Dieser Auszug aus dem Brief an Varignon befand sich offensichtlich auf einer verlorenen Beilage.
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- ↑ Das eigenhändige P. S. steht im Manuskript am Briefkopf (Seite 1).
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