Montmort, Pierre Rémond de an Bernoulli, Johann I (1719.06.12)
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Autor | Montmort, Pierre Rémond de, 1678-1719 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | o. O. |
Datum | 1719.06.12 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 665, Nr.22* |
Fussnote | Siegelspuren. Eigenhändige Bemerkung von Joh. I B. am Briefkopf: "cette lettre doit étre ecrite environ le 12e Juin 1719" |
Monsieur
M.r Varignon me remit avanthyer entre les mains la copie du memoire que vous avez envoyé à Leipsic pour estre inseré dans les Actes et qui contient vostre solution du prob. proposé par M.r Keill, celle de M. vostre neveu et aussi vostre solution du prob. de M. Taylor. J'ay lu ce memoire ave[c] toutte l'avidité et toutte la curiosité que j'ay toujours pour ce qui vient de vous. L'extreme clarté et l'ordre naturel de vostre solution du Prob. de M. Taylor m'a mis en état de l'entendre dans une matinée et de faire tous les calculs necessaires. Je m'attends à un pareil plaisir lors qu'il vous plaira nous decouvrir vostre analyse du prob. de M. Keill car vous possedez au supreme degré l'art d'applanir les difficultés à vos lecteurs et de mettre les matieres les plus sublimes à la portée des esprits les plus mediocres. He bien Monsieur voyez que les efforts de ceux qui vous portent envie et que les tentations auxquelles on vous expose tournent à vostre gloire. Pour moy je n'ai pas douté un moment que voulant vous en donner la peine vous ne fussiez capable de resoudre à coup sûr ce qui auroit été trouvé par un autre.
Je suis honteux M.r des expressions trop honorables dont vous vous servez en parlant de moy dans plusieurs endroits de vostre memoire surtout dans les l.eres lignes de vostre solution du prob. de M. Taylor que je n'ai pu lire sans beaucoup de reconnoissance de tant de bontés que vous avez pour moy mais en meme temps sans beaucoup de confusion me reconnoissant tres indigne de l'honneur que vous me faistes. Je suis sincerement vostre serviteur mais jusqu'icy serviteur inutile, et si j'ay quelques connoissances en Geometrie qu'est[2] ce que le peu que je scai par rapport à tout ce que j'aurois pu apprendre de vous si mes autres occupations et la mediocrité de mon esprit me l'eussent permis. Ainsi Monsieur j'attribue les epithetes glorieuses dont vous m'honorez en cet endroit uniquement à vostre politesse et à vostre generosité.
Par la part que je prends à ce qui vous regarde j'ay lu avec beaucoup d'application tout ce que vous distes par rapport à M. Taylor et à M.r Keill. J'approuve tout excepté certains termes qui me paroissent durs et principalement un endroit que je vous conjure par l'amitié dont vous m'honorez de vouloir bien supprimer. J'efacerois ces mots "qui ut apud suos impuris claruit moribus",[3] et mettrois simplement "jam passim notus apud exteros odio etc.", c'est fait à merveille de vous defendre mais il faut laisser vos adversaires dans la plenitude de leur tort. Que M. Keill soit de bonnes ou de mauvaises moeurs cela ne fait rien ni à vous ni à la dispute. Assurer qu'il est fameux dans son pays par le dereglement de sa conduitte et par la corruption de ses moeurs c'est au moins une medisance en matiere tres grave et ce seroit une calomnie contre vostre intention si par hazard on vous avoit fait de faux rapports. Je conviens avec vous que l'injustice qu'on vous fait, la prevention prodigieuse des Anglois pour leur nation et l'habitude qu'ils ont prise de s'attribuer tout et de piller sans mesure les autres nations vous donne quelque droit de vous defendre avec vivacité mais j'ose vous dire et vous assurer que vous vous vangerez mieux d'eux et plus honorablement pour vous en exposant avec moderation vos bonnes raisons qu'en leur donnant l'avantage de vous mettre en colere. Faittes l'honneur à vos bons amis de les consulter et soyez sur qu'on ne gagnera pas un poulie de terrain sur vous. Vous ne pouvez rien perdre du coté de la reputation de grand esprit, de Geometre du 1.er ordre, de grand inventeur et de grand promoteur des nouveaux calculs, cela est certain. Vous aurez toujours l'avantage sur ceux qui voudront vous attaquer par ces endroits, les faits sont decisifs en vostre faveur. D'ailleur il est constant qu'on vous a souvent volé, pillé avec artifice et ingratitude et qu'on ne peut vous accuser de vous estre jamais servi du bien d'autruy sans luy en faire honneur. Je vous citois dernierement à M.r Taylor comme un Modele de l'exactitude qu'un honeste homme doit avoir en ce genre, et j'associois à cet honneur M.r Herman et M.r Varignon qu, ce me semble ne manquent jamais quand ils traittent une matiere apres M.r Newton, apres vous ou apres quelque autre d'y renvoyer et d'en parler avec honneur, bien differens en cela d'un certain M.r des Hayes qu'un de vos amis a cité bien apropos et d'un grand nombre d'autres Anglois entre les quels M.r Moivre s'est distingué depuis peu en mettant tout mon livre dans sa nouvelle edition Angloise,[4] tous mes theoremes sur les combinaisons sans exception, mes formules, mes tables entieres, la plus grande partie de mes problemes, sans me citer ni M.r vostre neveu où il l'auroit du ni vous où il l'auroit pû. La seule chose qu'on pourroit peutestre vous reprocher avec quelque sorte de leger fondement c'est un peu d'attention à conserver vos[5] droits et peutestre aussi un peu de trop de vivacité à les soutenir mais quand cela seroit, cela n'est ni contre l'honneur ni contre la probité, vous n'avez blessé ni la verité ni la justice, cela se[ul][6] est essentiel. J'apprehende que vous n'aiez bientost un second advers[aire] plus considerable à mon avis que le 1.er. J'ay fait de mon mieux pour [vous] en garentir, et je puis vous le prouver par une sorte de reproche qu'il me fait de vous donner le 1.er rang sur tous les Geometres de ce siecle et le 2.e à M. vostre neveu. Mes efforts ont été inutils, il n'y a pas grand mal. Vostre "ingratam aeque atque molestam Taylori obscuritatem" et le "profundiora nostra", tous deux vrays vous ont fait un adversaire illustre. Vous auriez pu luy epargner ces reproches car comme on dit touttes verités ne sont pas bonnes à dire surtout en public mais enfin il n'y a pas grand mal, vous vous en tirerez bien. Tout ce que je vous demande c'est que vous ne vous fachiez point et que vous aiez assez bonne opinion de vous et du public pour estre assuré que vostre reputation et les grands services que vous avez rendus à la Geometrie ne peuvent souffrir aucune atteinte quand avec les Anglois l'ancien et le nouveau monde seroient conjurés contre vous. Mais cela n'est pas car tous nos Francois en particulier qui ont appris les nouveaux calculs dans l'Analyse des infiniment petits[7] et dans les Journaux de Leipsic vous aiment et vous respectent comme leur principal maistre. Je suis avec bien de respect Monsieur Vostre etc. Remond de Monmort
Permettez moy d'assurer M.r vostre fils de mes obeissances.[8]
A Monsieur
Monsieur J. Bernoulli Professeur
des Mathematiques membre des academies
Royalles de France, D'Angleterre et de Prusse
A Basle
Fussnoten
- ↑ Am Briefkopf hat Joh. I Bernoulli eigenhändig notiert: "cette lettre doit étre ecritte environ le 12.e Juin 1719."
- ↑ Im Manuskript steht "ques".
- ↑ Johann I Bernoulli, Responsio ad nonneminis provocationem ... AE Maji 1719, p. 217
- ↑ [Text folgt]
- ↑ Montmort schreibt "vostre"
- ↑ Im Folgenden leichter Textverlust durch Papierschaden wegen ausgeschnittenem Siegel
- ↑ [Text folgt]
- ↑ Dieses P. S. findet sich am Fuss der vorangehenden p. 2 des Briefes
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