Montmort, Pierre Rémond de an Bernoulli, Johann I (1714.08.14)
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Autor | Montmort, Pierre Rémond de, 1678-1719 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Montmort |
Datum | 1714.08.14 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 665, Nr.8* |
Fussnote | Siegel |
A Montmort ce 14 Aoust 1714
Je suis charmé Monsieur de l'ouvrage dont vous avez eu la bonté de me faire present[1] et dont je vous fais mil tres humbles remercimens. Je scavois bien qu'il ne pouvoit rien sortir de vous qui ne fust excellent, ainsi je n'ai point été etonné d'y trouver beaucoup de science, de subtilité et de clarté. Mais je l'ai eté, je vous l'avoue, avec M.r l'abbé Bignon et bien d'autres de voir l'elegance et la pureté avec laquelle vous avez écrit en une langue qui vous est étrangere. Apres ces complimens qui sont tres sinceres et aux quels Monsieur l'abbé Bignon m'a prié d'adjouter les siens et ses remercimens. Oserai-je vous dire Monsieur que malgré la prevention que vostre nom me donnoit pour vous dans une matiere geometrique, j'en suis au point de croire que dans Vostre dispute avec M.r le chevalier Renau la verité est de son coté. Sa demonstration de l'equilibre[2] fondé sur l'egalité des forces dans les points $ N $, $ B $, $ O $ me paroist exempte de l'erreur, et l'application qu'il en fait à ses trois voiles me paroist evidente ensorte que je ne puis douter de sa conclusion que l'effort avec lequel le vent $ MB $ pousse la voile $ aBc $ suivant la route $ BP $ est à l'effort avec lequel il pousse la meme voile suivant la routte oblique $ BK $ comme $ MP^{2}\cdot PK^{2} $. Je ne scai Monsieur ce que vous penserez de sa lettre si vous y decouvrez quelque erreur qui detruise son principe. Je vous proteste que je serai tres prest à changer de parti, ne cherchant qu'à m'instruire sur ces matieres, aux quelles je n'avois presque jamais pensé avant cette dispute. Quoy qu'il en soit cette dispute n'aura pas été inutile puis qu'elle nous a vallu vostre bel ouvrage et que d'ailleurs elle fournit occasion d'approfondir plusieurs choses qui ne l'étoient point assez et en particulier la verité ou fausseté de ce theoreme si connu de Mr. Newton corpus conjunctis viribus diagonalem parallelogrammi eodem tempore describere quo latera separatis. Tous les Geometres l'ont reçu, neanmoins il me semble qu'il n'est vray que pour le cas de l'angle droit car supposant par Ex. l'angle infiniment aigu ce sera une masse double avec la meme vitesse et alors il est evident que le corps choqué ne parcourira pas un chemin double de celuy qu'il auroit parcouru
par la masse simple avec la meme vitesse. Je m'etendrois davantage sur tout cela et vous exposerois sans facon ce que je pense bien ou mal, si je croyois que cela vous fist plaisir. Enfin Monsieur personne n'est plus capable que vous de bien developper les principes de la mechanique. Je prends la liberté de vous y exhorter. Il faudroit aussi s'assurer de la verité de quelques Hyppoteses universellement recües par Ex. que les resistances dans un fluide sont comme les quarrés des vitesses, et que pour faire aller un corps deux fois plus viste il faut quatre fois plus de force. Il y a des personnes de beaucoup d'esprit qui pretendent que l'on fait un dou[ble] employ lorsque l'on double le nombre des parties qui choque[nt] et la vitesse de chacune. Je serois bien aise que l'on pust confirmer par des experiences cette raison des quarrés. Je croirois qu'il en est de meme à l'egard des solides comme à l'egard des liquides car cela ne va que du plus au moins.
M.r Newton va donner une nouvelle edition de ses Principes.[3] J'ay lu ce que vous avez donné dans les Journaux de Leipsic sur les courbes que decrivent les corps jettés dans des fluides.[4] De pareils morceaux vallent mieux que des livres entiers et il y a plus à apprendre que dans plusieurs volumes qui s'impriment tous les jours. On peut dire avec verité que ce commentaire vaut mieux que ce texte. Le P. Renault que vous connoissez vient de donner un in 4.o d'elemens de calcul,[5] il n'y a rien à vostre usage ainsi je ne vous l'enverrai pas. Dans la lettre que j'ecris à M.r vostre neveu[6] il y a quelques nouvelles de Mathematiques dont il vous fera part. J'ay l'honneur d'estre avec toutte l'estime possible Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur
Remo[nd de] M[onmort]
A Monsieur
Monsieur Jean Bernoulli
professeur de Mathematique
à Basle
Fussnoten
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