Savérien, Alexandre an Bernoulli, Johann I (1746.04.26)
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Autor | Savérien, Alexandre, 1720-1805 |
Empfänger | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Ort | Paris |
Datum | 1746.04.26 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 723, fol.186-187 |
Fussnote |
Monsieur,
Votre Nom est si célèbre dans la république des Sciences,[1] que vous y occupés avec juste raison le premier rang. Personne n'ignore que les questions les plus abstraites et les plus difficiles ne peuvent présenter à vos yeux l'erreur et la vérité sous les memes faces: elle vous est connue cette vérité quelque cachée qu'elle soit; et vous démasqués avec une nettété admirable le faux malgré les apparençes les plus trompeuses du vrai. C'est sur ces fondemens, que j'ose prendre la Liberté, Monsieur, de vous faire part d'une propposition importante, qui partage ici le sentiment des Savans; et dans laquelle je suis intéressé.
Il s'agit du balancement du Navire, soit dans le cas de sa Longeur ou dans celui de sa Largeur, c'est à dire du Tangage et du Rouli du Vaisseau. Vous connoissés sans doute, Monsieur, la Piece de M. Bouguer sur la Mâture des Vaisseaux, qui a remporté le prix de l'Academie des Sciences de Paris en 1727.[2] L'Auteur établit sa Théorie sur un Principe que je crois douteux, pour ne rien dire de plus. Après avoir placé l'Hypomoclion du Mat dans le sens horizontal, c'est à dire, lorsque le Vaisseau single en décrivant un cercle concentrique à la Terre au centre meme de la Terre, M. Bouguer pense que dans le cas du Tangage l'Hypomoclion du Mat est au centre de gravité du Vaisseau. C'est donc, dit-il dans son Ouvrage p. 3, § 11, le centre de gravité du Vaisseau dans ce cas, qu'on doit prendre pour Hypomoclion.[3]
Lorsque j'examinai cette Théorie de M. Bouguer, je fus d'abord frapé de ce sentiment. Cette conséquence me parut hazardée. Ma surprise fut d'autant plus grande, que je venois de lire votre savant Article qui a pour Titre: De centro spontaneo rotationis, Art. XIV, N.o 177, Vo. IV,[4] où vous démontrés que le point d'apui d'un levier qui tend à faire incliner un Sisteme de plusieurs corps, doit etre fixe, tandis que les parties de ce sisteme commencent à se mouvoir; et que ce point dans ce levier est celui où toutes les parties de ce [Siste]me sont en équilibre. Vous faittes voir, Monsieur, que ce mouvement est un mouvement de rotation, et vous conclués Art. 20 que le centre de rotation est le meme que le centre d'oscillation ou de suspention d'un Pendule composé. Cela conçu, j'ai cru que ce que vous dittes, Monsieur, d'un corps ou d'un Sisteme de plusieurs, devoit se rapporter au Vaisseau dans le cas du Tangage; que la question est la meme; et qu'àlors le centre de gravité du Vaisseau n'est point l'Hypomoclion; car ce n'est point autour de ce centre que les parties du Vaisseau sont en équilibre, mais autour du centre d'inclinaison.
La Propportion 111 de la Théorie de la construction du Pere Hoste[5] me paroit une preuve a posteriori du sentiment que j'oppose à M. Bouguer. Selon moi, le point d'apui est dans le point de concours des deux directions du balancement.
Je viens de donner au Public une Nouvelle Théorie de la Manoeuvre à la portée des Pilotes,[6] c'est à dire des Elemens de la Manoeuvre, dans lesquels je tache de rendre sensible aux Marins, qui ne sont point versés dans l'Algèbre les vérités les plus importantes de cet Art. Cet Ouvrage, qui paroît sous les Auspices du Ministre de la Marine, m'aiant fourni l'occasion [7] de faire part aux Savans de mon sentiment sur le Principe de M. Bouguer, je l'ai fait insérer à la fin de mon livre.[8] Comme j'ai toujours cru ainsi que plusieurs savans, que M. Bouguer se trompoit j'ai établi sur mon nouveau Principe une Nouvelle Théorie de la Mâture. Cépendant ce meme Principe que je croiois incontestable est dévénu par l'impression douteux. J'ai le chagrin de voir les savans partagés. Dans une conjoncture semblable, et sur une question aussi délicate, est il au monde, Monsieur, quelque Mortel, qui puisse juger ce différend avec plus de solidité que vous ? Permettés moi donc de vous supplier de me faire savoir votre sentiment, qui me déterminera ou à me rétracter ou à travailler avec plus d'ardeur à mon nouvel Ouvrage. J'aurois du peut-etre chercher quelque personne, qui honnorée de votre estime, vous eut fait cette priere: mais, instruit que c'est avec bonté que vous daignés agréer celles que l'on vous fait en ce genre, j'ai cru que vous voudriés bien y avoir égard, quoique dénuée de recommandation.
J'ai l'honneur d'etre avec tout le respect et toute la vénération due à votre mérite Monsieur Votre trés-humble et trés-obéissant Serviteur Saverien ingenieur du Roi à l'Hotel de la Couronne Ruë de la Parchéminerie
à Paris ce 26 Avril 1746
Fussnoten
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