Bernoulli, Johann I an Burnet, William (1710.04.09)
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Autor | Bernoulli, Johann I, 1667-1748 |
Empfänger | Burnet, William, 1688-1729 |
Ort | Basel |
Datum | 1710.04.09 |
Briefwechsel | Bernoulli, Johann I (1667-1748) |
Signatur | BS UB, Handschriften. SIGN: L I a 654, Nr.5 |
Fussnote | Datum am Briefkopf eigenhändig. Auf den gleichen Blättern Abschrift eines Briefes an Adam Menso Isink (1710 04 09) |
à Bale ce 9. Avril 1710
Monsieur
J'ay une joye inexprimable d'apprendre par la chere votre ecrite sans date,[1] que vous avez achevé si heureusement votre voyage d'Italie et d'Allemagne, vous trouvant presentement de retour à la Haye en bonne santé: Je reçreûs votre lettre Lundy passé jour des Nopses de ma Belle soeur,[2] j'etois à table lors qu'on me l'apporta, avec Mr. le Dr. Werenfels qui nous fit l'honneur de sa presence, nous ne manquames pas de boire à votre santé, il vous fait mille et mille complimens.
Si Mr. Craige me veut faire satisfaction en me rendant justice devant le public, il ne fera autre chose, que ce à quoy l'honneteté et l'humanité l'obligent, mais il semble qu'il cherche à s'en dispenser par la fiction d'une lettre que vous croyez etre perdue, mais qui peutetre n'a jamais eté ecrite; quoiqu'il en soit il y a moyen de faire moy meme ce qu'il refuse de faire. Je viens maintenant à ce qui me touche de plus pres, et qui m'est d'une plus grande importance; je veux dire l'affaire de la vocation de Leyde; Vous remerciant avant toutes choses du zele que vous faites paroitre pour faire reussir cet affaire, je connois par là Votre amitié et la tres ardente affection que vous avez pour moy: Ce que vous dites d'abord que j'ay donné le refus à Mr. Noodt ne se trouve pas ainsi, il est vray que je Luy ai dit dans ma derniere lettre,[3] que je ne pourrois pas accepter les conditions qu'on m'offroit; mais je Luy ay donné à connoitre en meme temps, que je ne serois pas inflexible aux conditions un peu plus avantageuses, cependant il ne m'a plus repondu, ce que je prens plutot pour un refus de son cotté. Comme vous voulez renouer l'affaire, je puis bien le souffrir, je souhaite meme que vous puissiez reussir, mais je me dispenseray de repondre à tous les motifs que vous alleguez pour m'attirer à Leyde, y ayant deja repondu suffisamment à Mr. Noodt: Je me contenteray de vous representer seulement, ce que vous pourrez le mieux comprendre, vous qui connoissez l'Etat de mes affaires, Vous sçavez que je suis bien etabli icy, que j'ay une famille, une femme et quattre enfans, et bientot le cinquieme,[4] vous sçavez aussy que j'ay bati une maison, qui me coute bien cher, peutetre me faudroit-il perdre quelque mille francs, si je la voulois revendre: Vous sçavez que j'ay herité mon Pere, qui m'a laissé assez Dieu mercy pour n'etre pas necessité de chercher mon pain ailleurs, mon bien consiste en obligations, rentes, meubles et immeubles, dont on ne peut pas se defaire sans beaucoup de perte; Les Parens de ma Femme sont encor en vie qui cherissent tendrement leur Fille, et qui par consequent auroient de la peine à se resoudre de nous laisser aller encor une seconde fois, sans voir que nous puissions faire une grande fortune; et quand ils viendroient à mourir dans notre absence, qui est ce qui auroit soin de notre heritage? Vous sçavez le proverbe qui dit loin de son bien proche de sa perte. Mais quand j'aurois franchi toutes ces difficultés, vendu ma maison et mes biens, resigné ma profession, changé l'habillement de mes gens, achevé le voyage long, penible, et dangereux pour une famille, retabli à Leyde, redressé le domicile, racheté des meubles, me remis enfin dans une bonne assiette et dans une tranquillité d'esprit preferable à tous les avantages du monde, quand dis-je, j'aurois fait tout cela, aprez tant d'embarras et une si grande incommodité, si le bon Dieu en peu de temps me vouloit retirer de ce monde, je vous prie que deviendroit ma pauvre Femme et mes pauvres enfans? quelle consolation resteroit il pour eux, si non celle de se voir dans la necessité de refaire ce qu'ils auroient fait plusieurs fois, c'est à dire de trousser bagages et de decamper pour s'en retourner d'où ils seroient venu, ce qui acheveroit de consumer le bien que je leur laisserois, et ainsi voyla bien des fatigues, bien des peines employées pour se ruiner sans jouir d'aucune recreation, leur sort ne seroit il donc pas cent fois pire que quand j'aurois accepté la vocation d'Utreckt, où on a promis à ma Femme de la pourvoir aprez ma mort d'une honnete pension en quelque endroit qu'elle voulut se retirer; Vous dites bien que je pourrois d'abord aller seul et laisser icy ma famille pour eprouver comment je me plairois dans ma nouvelle station, mais en cas que je n'y trouvasse pas mon comte, qui me rendroit icy ma chaire de profession que j'aurois quittée? me donneriez vous caution, qu'on me la conserveroit vacante jusqu'à mon retour? Supposé au contraire que je restasse là bas, il faudroit tot ou tard faire faire le meme voyage à ma famille, nous voyla donc retombé dans la meme difficulté susmentionée ou bien dans de plus grandes par ce double voyage. Vous voyez donc Mon cher Monsieur combien j'ay de sujet de faire le difficile dans cette vocation, je vous demande à vous meme me pourriez vous bien conseiller d'entreprendre derechef un si grand changement, de quitter la douceur de la patrie, les Parens, les Amys, et tout ce qu'il y a de plus charmant sçavoir le repos et la tranquillité de la vie qu'on goute chez soy, pour se jetter dans de nouveaux embaras et mille inquietudes; et tout cela sans voir un avantage evident et considerable, ni que je puisse faire ma fortune: on m'offre 1800 fl., je n'avois guere moins à Groningue où il ne fait presque pas à moitié si cher vivre qu'à Leyde, cependant cela n'etoit pas capable de m'y retenir, non plus que les conditions d'Utrecht, les quelles m'etoient en verité et plus honorables et plus avantageuses, en ce qu'on avoit consideré ma femme; pourquoy donc retourner maintenant en Hollande avec ma plus grande incommodité aprez n'avoir pas voulû y rester aux conditions, pour le moins aussy avantageuses, que celle qu'on m'offre presentement; Messrs. d'Utreckt n'auroient-ils pas raison de se facher contre moy? Vous dites Monsieur, qu'on n'a jamais offert à aucun professeur en Philosophie ces 1800 fl. et que Mr. de Volder ne les a pas obtenu qu'aprez 25 ans de service; je le veux croire, Mr. Noodt m'a dit la meme chose, mais il sçait ce que je luy ay repondu là dessus: Mr. De Volder n'avoit ni femme ni enfans, il n'avoit ni charge ni profession à quitter, sa Patrie n'étoit pas loin de Leyde, si j'étois dans ce cas là, je ne balancerois pas longtemps, j'acceptrois les offres à mains ouvertes, mais je suis dans un cas extraordinaire qui merite aussy quelque consideration extraordinaire: on trouvera je l'avoue, des Mathematiciens en foule, qui offriront leur service pour un salaire modique, on n'a qu'à en choisir; mais c'est à sçavoir, s'ils feront ce qu'en souhaite d'eux; je n'ay pas la vanité de dire que je suis habile Mathematicien, au moins on croit que je le suis, et cela suffit pour faire refleurir ces sciences dans une Academie, je reconnois d'ailleurs mes foiblesses; j'ay peu de merite, si je dois juger de moi meme, mais qu'importe? c'est assez que j'aye un peu plus de renommée, cecy vaut bien l'autre car fama bella geruntur:[5] Vous voudriez dites Vous qu'il fut en votre pouvoir de me faire avoi mille livres Sterling par an, c'est trop de generosité, je me contenterois de mille ecus, faites me les avoir, je vous promets foy d'homme d'honneur d'accepter la vocation, quoy qu'on m'offre plus rien pour la subsistance de ma femme aprez ma mort, faites reflexion sur tout ce que je viens de vous dire, je croy que vous ne trouverés pas ma demande trop enorme, cependant je vous prie de n'en rien dire à personne si vous ne jugez pas les esprits bien disposés à gouter mes raisons; Ce que vous dites que l'Academie est trop surchargée pour l'engager à donner des pensions extraordinaires, j'ay repondu sur cet article à Mr. Noodt,[6] qui m'a dit la meme chose, que quelques centaines d'ecus plus ou moins, ne la rendroient ni moins ni plus riche, et que n'y ayant rien de pressant je pourrois bien attendre que la paix fut faite,[7] qui remettroit sans doute le fond de l'Academie dans un meilleur etat. J'ay bien de l'obligation à Mr. D'Obdam de la bonne opinion qu'il a de ma chetive personne, je vous prie de l'assurer de mes profonds respects et de me recommander à la continuation de sa haute bienveillance. Ayez aussy la bonté par occasion de faire mes complimens à Mr. Noodt; je luy ay dit dans ma derniere lettre,[8] que si ma personne ne leur fut pas agreable sous de meilleure condition, je leur pourrois recommander une autre personne, qui accepteroit peutetre les conditions proposées; je voulois indiquer par là Mr. Herman, mais Mr. Noodt n'a pas trouvé bon de m'y repondre. Je finis sans vous faire les complimens de ma femme, qui ne sçait rien de votre lettre ni de ma reponse pour des raisons qui ne vous seront pas difficiles à deviner. Je suis Monsieur Votre tres humble et tres obeissant Serviteur Bernoulli.
Fussnoten
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