Scheuchzer, Johannes an Bernoulli, Johann I (1718.12.18)

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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Scheuchzer, Johannes, 1684-1738
Empfänger Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Ort Zürich
Datum 1718.12.18
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 668, Nr. 113*
Fussnote



File icon.gif Monsieur mon Trescher Patron

Vos trescheres du 6.e[1] m'ont quasi eteint toute l'esperance pour ma promotion, tout ce qu'il y avoit de bon, c'est que je me suis toujours preparé à un mauvais tour de la fortune, qui est accoutumée à me turlupiner, j'ay aussy pris toutes les mesures possibles pour me soumettre à la providence, on me ranime pourtant, voicy ce que M.r Vôtre Neveu m'ecrit du 10.e "Je suis fort faché que Vôtre affaire se traine si long temps. La semaine passée Messg.rs les Reformateurs ont proposé quelques autres chaires au Senat, sans faire mention de la Vôtre, mais, comme sur le commencement du Mois prochain le P. Burgos etc. doit être renouvellé dans sa charge, je ne doute pas qu'alors LL. EE.[2] fairont confirmer Vôtre Election: Je ne sçay ce qui en suivra."[3] S. E. M.r Pasqualigo[4] dit M.r le Professeur Vôtre Neveu tache de Gagner[5] le procurateur Morosini, qui persiste toujour, par douceur. En attendant j'ay effectivement sous la Presse l'Abregé de mon Opus Agrostographicum, c'est à dire Methodum Rei Gramineae,[6] dont j'auray l'honneur de Vous envoyer une feuille aujourdhui en huit: L'ouvrage même[7] sera imprimé aussy icy à Zuric, et à ce que j'espere il sera prêt pour la foire prochaine de Francfort; mais l'Abregé deja faira voir avec combien de la peine et de diligence le tout est composé, me flattant d'avoir reüssi dans une chose, contre la quelle les plus habiles Botanistes de Nôtre Siecle n'ont jamais eû la hardiesse de se frotter, que fort legerement: Alors le Public et mes Promoteurs seront les juges quid valeant humeri etc.[8] auxquels je me soumettray volontierement, vû que l'Universel ne se trompe jamais. Cependant je suis enragé contre la mauvaise foi de M.r Zuinguer de plus en plus, ne pouvant pas oublier le tour qu'il m'a joüé, depuis que je vois, que fort peu de Volumes exceptés il a donné Sa Bibliotheque Botanique à M.r König Vôtre Oncle, au quel j'ay donné un petit Extrait des Livres que je souhaite d'avoir,[9] les quels il me voudroit laisser pour le prix de 275 florins. Si j'avois mon Brevet je les voudrois d'abord prendre pour argent comptant, avec quelque peu de rabat pourtant: Je prendray quelques uns, qui me sont les plus necaissaires, me reservant le reste pour le terme expiré de ma captivité: Si vous y pouvés contribuër quelque office je vous prie instamment de le faire, à fin qu'il aye encore un peu de patience, vû que j'en prendray deja une bonne portion. Vous File icon.gif me dites de la bouche de M.r le Docteur Iselin, que des Ouvrages de Morison il n'y a que le troisieme Tome d'imprimé. Il est vray que du premier je ne sçay rien, mais je sçay que le deuxieme est imprimé[10] à Oxford 1680, le troisieme mis au jour par Bobart à Oxford 1699[11] et un autre Tome de Umbelliferis à Oxford 1679[12] ainsy que vous voyés que je ne me suis pas trompé, et que j'ay raison de me plaindre. Du reste il faut que je vous fasse part d'un evennement fort funeste, qui est arrivé aux Venetiens dans la Vieille forteresse de Corfoù; Le 21.e du passé le foudre donna dans le Magazin de poudre, ce qui ruina non seulement toute la forteresse et le roc sur le quel elle etoit assise, mais tüa miserablement jusques à 2500 hommes, entre les quels se comptent le Capitaine General Pisani[13] avec toute sa Cour excepté le Secretaire, qui cette nuit ne dormoit pas dans la Forteresse: là dessus la Consternation doit être fort grande à Venise, c'est un evenement aussy funeste qu'aucun qui se trouve dans les Histoires. Je suis fort curieux de Voir comme reüssira M.r Lerrat[14], et comment il se tirera d'affaires, comme il s'y prend, il me semble qu'il a bien du jugement et de l'experience; et pour une fois il pourra reüssir, mais je ne vois pas comme par là on se puisse tirer d'affaire dans la suite du temps. Mais comme le temps de Nôtre Jubilé[15] s'approche, je vous souhaite des prosperités et des plaisirs beaucoup plus solides et réels, que ne sont nos Rodomontades qui paroissent sur le programme, et qui ne meritent pas qu'on y fasse attention: Ainsy je Vous laisse à la protection de Dieu, vous suppliant d'assurer de mes treshumbles Respects Madame Vôtre treschere Epouse et toute Vôtre belle famille, restant pendant toute ma vie avec un devoüement Sincere Monsieur mon Trescher Patron Votre treshumble et tresobeïssant Serviteur D.r Jean Scheuchzer.

Zuric ce 18.e xbre 1718.


Fussnoten

  1. Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.12.06.
  2. LL. EE. = Leurs Éminences.
  3. Nicolaus I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.12.10.
  4. Dieser Brief von Domenico Pasqualigo an Johannes Scheuchzer ist anscheinend nicht erhalten.
  5. Im Manuskript steht "Gagne".
  6. Scheuchzer, Johannes, Operis agrostographici idea seu Graminum, juncorum, cyperorum, cyperoidum, iisque affinium methodus, Tiguri [Zürich] (H. Bodmer) 1719.
  7. Scheuchzer, Johannes, Agrostographia sive Graminum, juncorum, cyperorum, cyperoidum, iisque affinium historia, Tiguri [Zürich] (H. Bodmer) 1719.
  8. "... et versate diu quid ferre recusent, quid valeant humeri." Horaz, Ars poetica, 39-40.
  9. Gemeint ist vermutlich Johann Georg König (1659-1722), Sohn und Erbe des Buchhändlers Ludwig König (1633-1685). Anna Catharina König, die Mutter von Johann Bernoullis Ehefrau Dorothea Falkner war auch eine Tochter von Ludwig König. Ein Brief von Johannes Scheuchzer an Johann Georg König (1659-1722) ist anscheinend nicht erhalten.
  10. Im Manuskript steht "imprimée".
  11. Robert Morisons Historia Plantarum Universalis Oxoniensis blieb in der Tat unvollendet. Morison brachte 1680 noch zu Lebzeiten den zweiten Band Plantarum historiae universalis Oxoniensis pars secunda seu Herbarum distributio nova, per tabulas cognationis et affinitatis ex libro naturae observata et detecta, Oxonii [Oxford] (E Theatro Sheldoniano) 1680, des in drei Bänden geplanten Werks heraus. Nach seinem Tod besorgte Jacob Bobart der Jüngere die Herausgabe des dritten Bandes. Der erste Band kam hingegen nicht zustande (Vines, Sydney Howard, Robert Morison 1620—1683 and John Ray 1627—1705, in: Oliver, Francis Wall (ed.), Makers of British botany. A collection of biographies by living botanists, Cambridge 1913, pp. 23-24).
  12. Morison, Robert, Plantarum umbelliferarum distributio nova, per tabulas cognationis et affinitatis ex libro naturae observata et detecta. ..., Oxonii [Oxford] (E Theatro Sheldoniano) 1672.
  13. Andrea Pisani (1662?-1718).
  14. Zum angeblichen "Ingenieur" Levrat siehe den Brief von Johann I Bernoulli an Johannes Scheuchzer von 1718.11.09.
  15. Gemeint ist das Zürcher Reformationsjubiläum von 1719.


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