1717-04-08 Bernoulli Johann I-Arnold John: Unterschied zwischen den Versionen

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[[File:file_icon.gif|link=http://www.ub.unibas.ch/digi/bez/bernoullibriefe/jpg/L_Ia_673/BAU_5_000055531_0001.jpg]] Monsieur


Vôtre lettre du 21. 9bre ne m'a eté rendue que longtemps aprez,<ref>[Text folgt]</ref> je crois, qu'elle a croupi un mois ou deux dans quelque bureau de poste: il vaudra donc mieux d'adresser Vos lettres à quelque bon Ami à Paris, qui aura soin de les expedier incontinent vers moi, que de les confier au hazard de perir, ou au moins d'étre arretées en chemin, aussi longtemps qu'il plaira à la bonté d'un maitre de poste de les relacher de leur arret. J'ai felicité mon Neveu de Vôtre part sur son avenement à la chaire de Mathematique à Padoue;<ref>[Text folgt]</ref> il y est tres bien, il a commencé ses fonctions par une harangue inaugurale qui fut applaudie à ce que mon fils me mande.<ref>[Text folgt]</ref> Les bons commencements n'ont pas laissé d'etre troublés par la triste nouvelle de la mort de son Pere, qui mourut le jour de Noël agé seulement de 54 ans, quoique 3 ans plus agé que n'etoit mon frere le Professeur, lorsqu'il mourut; c'est à cet heure à mon tour de subir la meme loi, puisque j'aurai bientot cinquante ans et qu'il ne paroit pas qu'aucun de nous 4 freres puisse atteindre l'age de feu mon Pere, qui mourut dans sa 85. année, mais je ne m'en inquiete pas, car de finir sa vie quelques ans plutot ou plus tard, ce n'est pas une affaire. Je Vous suis bien obligé de l'offre que Vous me faites de me vouloir envoyer de temps en temps Vos journeaux et les brochures en Mathematiques qui paroitront, j'accepte cette offre avec beaucoup de remerciments; car Vous sçavez que je suis ici dans un pays, où on n'apprend guere de ce qui se passe ailleurs dans les Mathematiques, sur tout les ecrits anglois sont fort rares dans nôtre Suisse, et ainsi comme je suis curieux et quasi affamé pour tout ce que Vôtre Angleterre produit, je serois ravi d'en avoir quelque connoissance; mais Vous dites que Vous ne sçavez pas le moyen de me faire [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] tenir ce, que Vous aurez à m'envoyer; je crois, que le meilleur expedient seroit de l'adresser à Mr. Varignon ou à quelque autre Ami à Paris, d'où on a souvent occasion de l'envoyer ici par des voitures ou par quelque passager. Je plains le pauvre Abbé Conti, que Vous dites etre amoureux d'une Dame de sa Nation, je Lui souhaiterois pour son repos de pouvoir quitter cette passion, qui ne convient pas aux personnes de son caractere, il feroit mieux et se procureroit plus de gloire auprez des jesuites s'il prenoit le parti de bien defendre la constitution, qui court grand risque d'etre biffée dans tout le Royaume de France. Je Vous rends graces de la communication, que Vous m'avez faite, de ce qui a paru l'année passée dans les Transactions de Londres et sur tout de la description entiere, que Vous m'avez envoyée de la piece, dont le titre etoit ''Problematis olim in actis eruditorum Lipsiae propositi solutio generalis etc.''<ref>[Text folgt]</ref> Mr. Leibnits me l'avoit deja communiqué avant que d'avoir reçu Vôtre Lettre: J'ai lû la pretendue solution, que l'auteur<ref>[Text folgt]</ref> donne de ce probleme, mais je voi qu'il s'y donne un air de maitre sans en meriter le nom; il traitte la chose cavalierement et conclud enfin selon la formule ordinaire de ''quod erat faciendum'', cela est bon pour les ignorans, qui se laissent eblouir par la mine de confiance que nôtre soluteur affecte, mais il ne faut pas etre fort clair voyant pour decouvrir que ce qu'il dit ne signifie rien au fond; ce qu'il fait qu'il n'a garde d'appliquer à un seul exemple cette belle solution; un exemple sur des courbes transcendentes comme celui que Mr. Leibnits a proposé à quelques Mathematiciens Anglois auroit trop montré [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] la foiblesse de la Methode de nôtre Soluteur. Vous sçavez sans doute le decés de Mr. Leibnits, il mourut le 15. de 9bre: c'est asseurement une perte irreparable pour toute la republique des Lettres, quoiqu'en disent ses envieux; un homme aussi universel dans la litterature et dans les sciences tel qu'etoit Mr. Leibnits merite sans doute d'etre regretté; je crois que Mr. Newton Lui meme ne Lui refusera pas cet honneur: Mais Mr. Keil en pensera autrement. Je dois Vous dire, que Mr. Wetstein Vôtre Ami fut elû dernierement pour Diacre commun des Eglises de Bâle,<ref>[Text folgt]</ref> nonobstant qu'il ait eté un des plus jeunes Candidats, ce qui a fait crier beaucoup les plus anciens candidats, qui sont tant et tant d'années plus longtemps dans le ministere, que Lui, ils relevent la chose par un endroit bien odieux, en disant qu'il y est parvenu par des voyes illicites et par des brigues secrettes et detestables, dont s'est servi son Pere homme qui a plus de finesse que de conscience et qui seroit plus propre pour etre ministre de cour, que pour etre Ministre d'Eglise; enfin Vous le connoissez, il ne faut pas demander, si cela a scandalisé les honnetes gens: Il faut esperer que la bonne conduite du Fils fera oublier la maniere et la route par laquelle il est entré dans le bercail de J. C. Il me reste encore à Vous dire que Messr. de Groningue me sollicitent avec beaucoup d'empressement pour revenir chez eux et reprendre mon ancienne charge de Professeur en Mathematique et en Philosophie, ils me font des offres assez avantageuses, mais mon age deja [[File:file_icon_keinbild.gif|link=]] avancé et les grandes incommodités que cause un changement si considerable et le transport de toute la famille me fait perdre l'envie d'y retourner, à moins qu'on ne m[e] fasse encore des conditions trop favorables pour les refuser. Mon Fils est encore en Italie;<ref>[Text folgt]</ref> je l'en ferai partir l'eté qui vient, mais je ne sçai pas encore pour où, je crains trop les depenses du voyage, sans cela je Lui permettrai de faire le tour, par la France, l'Angleterre, la Holland[e] et l'Allemagne, avant que de revenir dans la Patrie, un si grand voyage ne pouvant manquer de faire une horr[i]ble breche dans la bourse d'un particulier comme moi, qui est chargé d'une n[om]breuse Famille; je serois au reste ravi qu'il passat dans Vos quartiers pour avoir l'avantage de Vous y saluer de bouche et de Vous asseurer de ma part que je ne cesserai de ma vie d'etre avec un zele ardent Monsieur Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernou[lli]  
Vôtre lettre du 21. 9bre ne m'a eté rendue que longtemps aprez,<ref>[Text folgt]</ref> je crois, qu'elle a croupi un mois ou deux dans quelque bureau de poste: il vaudra donc mieux d'adresser Vos lettres à quelque bon Ami à Paris, qui aura soin de les expedier incontinent vers moi, que de les confier au hazard de perir, ou au moins d'étre arretées en chemin, aussi longtemps qu'il plaira à la bonté d'un maitre de poste de les relacher de leur arret. J'ai felicité mon Neveu de Vôtre part sur son avenement à la chaire de Mathematique à Padoue;<ref>[Text folgt]</ref> il y est tres bien, il a commencé ses fonctions par une harangue inaugurale qui fut applaudie à ce que mon fils me mande.<ref>[Text folgt]</ref> Les bons commencements n'ont pas laissé d'etre troublés par la triste nouvelle de la mort de son Pere, qui mourut le jour de Noël agé seulement de 54 ans, quoique 3 ans plus agé que n'etoit mon frere le Professeur, lorsqu'il mourut; c'est à cet heure à mon tour de subir la meme loi, puisque j'aurai bientot cinquante ans et qu'il ne paroit pas qu'aucun de nous 4 freres puisse atteindre l'age de feu mon Pere, qui mourut dans sa 85. année, mais je ne m'en inquiete pas, car de finir sa vie quelques ans plutot ou plus tard, ce n'est pas une affaire. Je Vous suis bien obligé de l'offre que Vous me faites de me vouloir envoyer de temps en temps Vos journeaux et les brochures en Mathematiques qui paroitront, j'accepte cette offre avec beaucoup de remerciments; car Vous sçavez que je suis ici dans un pays, où on n'apprend guere de ce qui se passe ailleurs dans les Mathematiques, sur tout les ecrits anglois sont fort rares dans nôtre Suisse, et ainsi comme je suis curieux et quasi affamé pour tout ce que Vôtre Angleterre produit, je serois ravi d'en avoir quelque connoissance; mais Vous dites que Vous ne sçavez pas le moyen de me faire [[File:file_icon.gif|link=http://www.ub.unibas.ch/digi/bez/bernoullibriefe/jpg/L_Ia_673/BAU_5_000055531_0002.jpg]] tenir ce, que Vous aurez à m'envoyer; je crois, que le meilleur expedient seroit de l'adresser à Mr. Varignon ou à quelque autre Ami à Paris, d'où on a souvent occasion de l'envoyer ici par des voitures ou par quelque passager. Je plains le pauvre Abbé Conti, que Vous dites etre amoureux d'une Dame de sa Nation, je Lui souhaiterois pour son repos de pouvoir quitter cette passion, qui ne convient pas aux personnes de son caractere, il feroit mieux et se procureroit plus de gloire auprez des jesuites s'il prenoit le parti de bien defendre la constitution, qui court grand risque d'etre biffée dans tout le Royaume de France. Je Vous rends graces de la communication, que Vous m'avez faite, de ce qui a paru l'année passée dans les Transactions de Londres et sur tout de la description entiere, que Vous m'avez envoyée de la piece, dont le titre etoit ''Problematis olim in actis eruditorum Lipsiae propositi solutio generalis etc.''<ref>[Text folgt]</ref> Mr. Leibnits me l'avoit deja communiqué avant que d'avoir reçu Vôtre Lettre: J'ai lû la pretendue solution, que l'auteur<ref>[Text folgt]</ref> donne de ce probleme, mais je voi qu'il s'y donne un air de maitre sans en meriter le nom; il traitte la chose cavalierement et conclud enfin selon la formule ordinaire de ''quod erat faciendum'', cela est bon pour les ignorans, qui se laissent eblouir par la mine de confiance que nôtre soluteur affecte, mais il ne faut pas etre fort clair voyant pour decouvrir que ce qu'il dit ne signifie rien au fond; ce qu'il fait qu'il n'a garde d'appliquer à un seul exemple cette belle solution; un exemple sur des courbes transcendentes comme celui que Mr. Leibnits a proposé à quelques Mathematiciens Anglois auroit trop montré [[File:file_icon.gif|link=http://www.ub.unibas.ch/digi/bez/bernoullibriefe/jpg/L_Ia_673/BAU_5_000055531_0003.jpg]] la foiblesse de la Methode de nôtre Soluteur. Vous sçavez sans doute le decés de Mr. Leibnits, il mourut le 15. de 9bre: c'est asseurement une perte irreparable pour toute la republique des Lettres, quoiqu'en disent ses envieux; un homme aussi universel dans la litterature et dans les sciences tel qu'etoit Mr. Leibnits merite sans doute d'etre regretté; je crois que Mr. Newton Lui meme ne Lui refusera pas cet honneur: Mais Mr. Keil en pensera autrement. Je dois Vous dire, que Mr. Wetstein Vôtre Ami fut elû dernierement pour Diacre commun des Eglises de Bâle,<ref>[Text folgt]</ref> nonobstant qu'il ait eté un des plus jeunes Candidats, ce qui a fait crier beaucoup les plus anciens candidats, qui sont tant et tant d'années plus longtemps dans le ministere, que Lui, ils relevent la chose par un endroit bien odieux, en disant qu'il y est parvenu par des voyes illicites et par des brigues secrettes et detestables, dont s'est servi son Pere homme qui a plus de finesse que de conscience et qui seroit plus propre pour etre ministre de cour, que pour etre Ministre d'Eglise; enfin Vous le connoissez, il ne faut pas demander, si cela a scandalisé les honnetes gens: Il faut esperer que la bonne conduite du Fils fera oublier la maniere et la route par laquelle il est entré dans le bercail de J. C. Il me reste encore à Vous dire que Messr. de Groningue me sollicitent avec beaucoup d'empressement pour revenir chez eux et reprendre mon ancienne charge de Professeur en Mathematique et en Philosophie, ils me font des offres assez avantageuses, mais mon age deja [[File:file_icon.gif|link=http://www.ub.unibas.ch/digi/bez/bernoullibriefe/jpg/L_Ia_673/BAU_5_000055531_0004.jpg]] avancé et les grandes incommodités que cause un changement si considerable et le transport de toute la famille me fait perdre l'envie d'y retourner, à moins qu'on ne m[e] fasse encore des conditions trop favorables pour les refuser. Mon Fils est encore en Italie;<ref>[Text folgt]</ref> je l'en ferai partir l'eté qui vient, mais je ne sçai pas encore pour où, je crains trop les depenses du voyage, sans cela je Lui permettrai de faire le tour, par la France, l'Angleterre, la Holland[e] et l'Allemagne, avant que de revenir dans la Patrie, un si grand voyage ne pouvant manquer de faire une horr[i]ble breche dans la bourse d'un particulier comme moi, qui est chargé d'une n[om]breuse Famille; je serois au reste ravi qu'il passat dans Vos quartiers pour avoir l'avantage de Vous y saluer de bouche et de Vous asseurer de ma part que je ne cesserai de ma vie d'etre avec un zele ardent Monsieur Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernou[lli]  


Bale ce 8. Avril 1717.
Bale ce 8. Avril 1717.

Aktuelle Version vom 7. Februar 2017, 11:02 Uhr


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Kurzinformationen zum Brief       mehr ...
Autor Bernoulli, Johann I, 1667-1748
Empfänger Arnold, John, ca. 1688-17uu
Ort Basel
Datum 1717.04.08
Briefwechsel Bernoulli, Johann I (1667-1748)
Signatur Basel UB, Handschriften. SIGN: L Ia 673:Bl.17-18
Fussnote Am Briefkopf die alte Nummer 9 sowie eigenhändig "à Mr. Arnold Medecin Anglois"



File icon.gif Monsieur

Vôtre lettre du 21. 9bre ne m'a eté rendue que longtemps aprez,[1] je crois, qu'elle a croupi un mois ou deux dans quelque bureau de poste: il vaudra donc mieux d'adresser Vos lettres à quelque bon Ami à Paris, qui aura soin de les expedier incontinent vers moi, que de les confier au hazard de perir, ou au moins d'étre arretées en chemin, aussi longtemps qu'il plaira à la bonté d'un maitre de poste de les relacher de leur arret. J'ai felicité mon Neveu de Vôtre part sur son avenement à la chaire de Mathematique à Padoue;[2] il y est tres bien, il a commencé ses fonctions par une harangue inaugurale qui fut applaudie à ce que mon fils me mande.[3] Les bons commencements n'ont pas laissé d'etre troublés par la triste nouvelle de la mort de son Pere, qui mourut le jour de Noël agé seulement de 54 ans, quoique 3 ans plus agé que n'etoit mon frere le Professeur, lorsqu'il mourut; c'est à cet heure à mon tour de subir la meme loi, puisque j'aurai bientot cinquante ans et qu'il ne paroit pas qu'aucun de nous 4 freres puisse atteindre l'age de feu mon Pere, qui mourut dans sa 85. année, mais je ne m'en inquiete pas, car de finir sa vie quelques ans plutot ou plus tard, ce n'est pas une affaire. Je Vous suis bien obligé de l'offre que Vous me faites de me vouloir envoyer de temps en temps Vos journeaux et les brochures en Mathematiques qui paroitront, j'accepte cette offre avec beaucoup de remerciments; car Vous sçavez que je suis ici dans un pays, où on n'apprend guere de ce qui se passe ailleurs dans les Mathematiques, sur tout les ecrits anglois sont fort rares dans nôtre Suisse, et ainsi comme je suis curieux et quasi affamé pour tout ce que Vôtre Angleterre produit, je serois ravi d'en avoir quelque connoissance; mais Vous dites que Vous ne sçavez pas le moyen de me faire File icon.gif tenir ce, que Vous aurez à m'envoyer; je crois, que le meilleur expedient seroit de l'adresser à Mr. Varignon ou à quelque autre Ami à Paris, d'où on a souvent occasion de l'envoyer ici par des voitures ou par quelque passager. Je plains le pauvre Abbé Conti, que Vous dites etre amoureux d'une Dame de sa Nation, je Lui souhaiterois pour son repos de pouvoir quitter cette passion, qui ne convient pas aux personnes de son caractere, il feroit mieux et se procureroit plus de gloire auprez des jesuites s'il prenoit le parti de bien defendre la constitution, qui court grand risque d'etre biffée dans tout le Royaume de France. Je Vous rends graces de la communication, que Vous m'avez faite, de ce qui a paru l'année passée dans les Transactions de Londres et sur tout de la description entiere, que Vous m'avez envoyée de la piece, dont le titre etoit Problematis olim in actis eruditorum Lipsiae propositi solutio generalis etc.[4] Mr. Leibnits me l'avoit deja communiqué avant que d'avoir reçu Vôtre Lettre: J'ai lû la pretendue solution, que l'auteur[5] donne de ce probleme, mais je voi qu'il s'y donne un air de maitre sans en meriter le nom; il traitte la chose cavalierement et conclud enfin selon la formule ordinaire de quod erat faciendum, cela est bon pour les ignorans, qui se laissent eblouir par la mine de confiance que nôtre soluteur affecte, mais il ne faut pas etre fort clair voyant pour decouvrir que ce qu'il dit ne signifie rien au fond; ce qu'il fait qu'il n'a garde d'appliquer à un seul exemple cette belle solution; un exemple sur des courbes transcendentes comme celui que Mr. Leibnits a proposé à quelques Mathematiciens Anglois auroit trop montré File icon.gif la foiblesse de la Methode de nôtre Soluteur. Vous sçavez sans doute le decés de Mr. Leibnits, il mourut le 15. de 9bre: c'est asseurement une perte irreparable pour toute la republique des Lettres, quoiqu'en disent ses envieux; un homme aussi universel dans la litterature et dans les sciences tel qu'etoit Mr. Leibnits merite sans doute d'etre regretté; je crois que Mr. Newton Lui meme ne Lui refusera pas cet honneur: Mais Mr. Keil en pensera autrement. Je dois Vous dire, que Mr. Wetstein Vôtre Ami fut elû dernierement pour Diacre commun des Eglises de Bâle,[6] nonobstant qu'il ait eté un des plus jeunes Candidats, ce qui a fait crier beaucoup les plus anciens candidats, qui sont tant et tant d'années plus longtemps dans le ministere, que Lui, ils relevent la chose par un endroit bien odieux, en disant qu'il y est parvenu par des voyes illicites et par des brigues secrettes et detestables, dont s'est servi son Pere homme qui a plus de finesse que de conscience et qui seroit plus propre pour etre ministre de cour, que pour etre Ministre d'Eglise; enfin Vous le connoissez, il ne faut pas demander, si cela a scandalisé les honnetes gens: Il faut esperer que la bonne conduite du Fils fera oublier la maniere et la route par laquelle il est entré dans le bercail de J. C. Il me reste encore à Vous dire que Messr. de Groningue me sollicitent avec beaucoup d'empressement pour revenir chez eux et reprendre mon ancienne charge de Professeur en Mathematique et en Philosophie, ils me font des offres assez avantageuses, mais mon age deja File icon.gif avancé et les grandes incommodités que cause un changement si considerable et le transport de toute la famille me fait perdre l'envie d'y retourner, à moins qu'on ne m[e] fasse encore des conditions trop favorables pour les refuser. Mon Fils est encore en Italie;[7] je l'en ferai partir l'eté qui vient, mais je ne sçai pas encore pour où, je crains trop les depenses du voyage, sans cela je Lui permettrai de faire le tour, par la France, l'Angleterre, la Holland[e] et l'Allemagne, avant que de revenir dans la Patrie, un si grand voyage ne pouvant manquer de faire une horr[i]ble breche dans la bourse d'un particulier comme moi, qui est chargé d'une n[om]breuse Famille; je serois au reste ravi qu'il passat dans Vos quartiers pour avoir l'avantage de Vous y saluer de bouche et de Vous asseurer de ma part que je ne cesserai de ma vie d'etre avec un zele ardent Monsieur Vôtre tres-humble et tres-obeissant Serviteur J. Bernou[lli]

Bale ce 8. Avril 1717.

P. S. Le temps terrible, qu'il a fait chez Vous au mois de 9.bre et dont Vous avez dit que les Torris ne manqueroient pas de tirer des consequences, poura bien avoir de mauvaises suites pour Eux par la decouverte de la conspiration suedoise.[8] Le bon Mr. Le[s]lie est à plaindre à cause de son sort, il feroit à mon avis bien mieu[x] d'implorer le pardon et la clemence de Vôtre Roi George pour oser retourner chez Lui et jouir de ses biens que de suivre la cour meprisable d'un pretendant infortuné;[9] je serois curieux de sçavoir la destinée de son frere, qui fut pris à l'Ecalade du Chateau d'Edimburg; l'a-t-on perdu comme Vous aviez voulû Lui predire? ou l'a-t-on laissé vivre? Pardonnez moi cette curiosité!


Fussnoten

  1. [Text folgt]
  2. [Text folgt]
  3. [Text folgt]
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  6. [Text folgt]
  7. [Text folgt]
  8. [Text folgt]
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